M. Brown vient d'emprunter $4,000.00. M. Brown a expliqué qu'il projetait une production pour des gens bien dotés de pouvoir d'achat, pas précisément pour des gens dans le besoin. Il fera pression pour écouler ses produits. Il sera bon administrateur, paiera ses ouvriers le moins cher possible et vendra le plus cher possible.
M. Brown est un cas agréable au banquier. Par son travail, par ses exigences, il va réaliser des profits et pourra rembourser au banquier, non seulement les $4,000, mais un intérêt à 7 pour cent.
Le banquier s'est d'ailleurs garanti. M. Brown a gagé son établissement actuel, des assurances payées, des valeurs sûres, pour un montant total de $10,000.
Et le banquier a prêté à M. Brown. M. Brown s'en va avec son emprunt : $4,000.00 de plus à son crédit, dans son compte de banque.
M. Brown va sortir de la banque avec $4,000.00 de plus qu'en entrant, dans son compte. Le banquier garde dans son tiroir exactement tout l'argent qui y était lorsque M. Brown est entré. Pas un sou n'est sorti. Par ailleurs, pas un compte n'a diminué. Mais le compte de M. Brown a augmenté de $4,000.00.
Où le banquier est-il allé chercher cet argent-là ?
Il y a une goutte d'encre de moins dans l'encrier du banquier ; mais rien autre n'a diminué.
Et ces $4,000.00 en chiffres sont du bon argent. M. Brown va acheter de la marchandise, du transport, du travail, qu'il paiera en tirant des chèques sur ce compte sorti de l'encrier du banquier.
L'argent est venu au monde... chez le banquier. Et où donc ailleurs le voit-on venir au monde ?
Le banquier fait l'argent nouveau et s'en constitue le propriétaire : il le prête à profit.
M. Durand est courtier. M. Durand vient à la banque pour vendre des obligations du gouvernement fédéral.
Pas trop de questions : il s'agit du gouvernement. La garantie, c'est la capacité qu'a le gouvernement de taxer, c'est la longanimité du contribuable à se laisser pomper sans autre résistance que des murmures de malédiction, c'est la possibilité de serrer la ceinture du pauvre consommateur sans qu'il rende l'âme trop brusquement.
Le banquier et le courtier discutent quelque temps pour en venir à s'entendre sur le taux du prêt, car c'est un prêt que le banquier fait au gouvernement, sur la garantie de l'obligation.
Et le banquier, sans que sa pression artérielle augmente le moins du monde, écrit dans un grand-livre $10,000,000.00 au crédit du gouvernement. Le gouvernement a maintenant à son crédit 10 millions qu'il n'avait pas auparavant, moins la petite récompense au courtier.
Rien de moins dans le tiroir du banquier. Rien de moins dans le compte d'aucun déposant. Mais 10 millions de plus dans le compte du gouvernement.
Encore un peu moins d'encre dans l'encrier du banquier, mais rien autre n'a changé dans la banque. Il y est bien entré un coup de soleil bancaire, car c'est une dette de la nation envers la banque. Le décret de mort de l'argent accompagne toujours l'acte de naissance. Mais ne parlons que de naissance aujourd'hui.
Dix millions sont venus au monde... chez le banquier. Et où donc ailleurs voit-on l'argent venir au monde ?
Le banquier fait l'argent nouveau et s'en constitue le propriétaire : il le prête à profit.