L’origine du Crédit Social

le jeudi, 15 août 1940. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

C'est une erreur trop commune de croire que le Crédit Social fut inventé par Aberhart. C'est se faire une idée courte, inadéquate du Crédit Social. C'est confondre un propagandiste avec une doctrine.

Le crédit social n'est qu'un terme moderne pour désigner une chose très ancienne. Le crédit social n'est autre chose que la confiance des hommes dans la valeur de l'association.

Le crédit social est donc né le jour où Dieu donna Ève comme compagne à Adam, puisque c'est de ce jour que l'homme vit en société.

Mais il arrive qu'aujourd'hui, les membres de la société sont frustrés des avantages de l'association. La société ne semble plus exister que pour l'avantage de quelques-uns - à cause surtout du contrôle de l'argent par quelques individus dans un monde où l'on ne peut à peu près rien sans argent.

Les effets néfastes de ce désordre moderne s'accumulent d'année en année. C'est pourquoi ceux qui l'ont compris s'attaquent surtout au régime monétaire faux qui soumet l'humanité à l'argent, aux maîtres de l'argent.

Mais qui a conçu, défini et proposé au monde la technique monétaire maintenant identifiée avec les mots "Crédit Social" ?

Douglas

L'auteur des propositions monétaires du Crédit Social est le major C. H. Douglas, ingénieur écossais. Et il y a vingt-et-un ans déjà qu'il les a exprimées par écrit.

Non pas qu'il fût le premier à découvrir et dénoncer l'escroquerie diabolique exercée par le système bancaire moderne. Il faudrait au moins citer, avant lui, les études d'un autre esprit analyste, Arthur Kitson, dont les écrits remontent à 1894.

Mais c'est au major Douglas qu'on doit la technique prêchée par les créditistes pour l'émission équilibrée et la distribution sociale de l'argent.

Le monopole bancaire se jugea immédiatement menacé et l'association des banquiers anglais fit jouer tout le poids de son influence pour empêcher la diffusion des idées de Douglas. Par ordre les journaux ne mentionnèrent même pas le nom du novateur.

Mais en 1923, le témoignage du major Douglas devant une Commission Royale enquêtant sur le système financier donna certaine publicité à la nouvelle doctrine. Le major Douglas fut appelé à donner des conférences dans plusieurs pays étrangers : Nouvelle-Zélande, Japon, Norvège.

En Alberta - - Aberhart

À la suite de son témoignage devant une commission royale canadienne en 1931, le major Douglas fut appelé par le gouvernement des Fermiers-Unis d'Alberta à examiner la situation financière de cette province. Le gouvernement d'Edmonton l'engagea même comme aviseur financier permanent, quoique non résident.

C'est ce qui donna l'occasion à plusieurs Albertains de venir en contact avec les théories de Douglas. Aberhart, entre autres, fut frappé de la logique et de l'humanisme de cette doctrine monétaire.

Aberhart était ministre protestant et faisait chaque semaine des sermons à la radio. Il en profita pour exposer à ses auditeurs les principes et les propositions du Crédit Social. Sans avoir lu, probablement, l'encyclique du Pape Pie XI, ce ministre protestant trouvait sans doute, lui aussi, que les conditions économiques actuelles sont telles qu'il est devenu difficile pour un grand nombre d'hommes de faire leur salut. Et il salua dans le Crédit Social une formule appropriée pour détruire un grand fauteur de désordre dans le régime économique.

Sous l'impulsion d'Aberhart, 1,140 cercles d'étude d'adultes s'établirent en Alberta. Ainsi s'explique le vote de 1935, répété en 1940.

Dans la province de Québec

Et dans la province de Québec ?

Quelques Canadiens-français eurent isolément l'occasion d'étudier la nouvelle doctrine monétaire. Pour nous, ce sont les études conduites à Gardenvale, chaque hiver, qui, orientées sur la question monétaire en 1935, nous mirent au courant des diverses critiques et diverses formules présentées tant en Amérique qu'en Europe.

La formule créditiste nous parut sans contredit la plus conforme aux besoins des temps présents et la mieux en rapport avec les aspirations de l'homme. Aussi, non content de l'apprécier, nous entreprîmes de la faire connaître dans la province de Québec pour lui rallier l'appui de tous ceux que n'aveugle pas totalement l'esprit de parti ou le culte des sentiers battus.

On eût les Cahiers du Crédit Social de 1936 à 1939. On eût des conférences nombreuses dans des villes et des campagnes du Canada français. On eût la Ligue du Crédit Social. On eût enfin et on a encore le semi-mensuel VERS DEMAIN et l'I.A.P. qui font marcher le Crédit Social plus sûrement que jamais, partout où ils prennent pied.

Louis EVEN.

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