Depuis novembre 1939, nous orientons la propagande et l'organisation du mouvement créditiste autour du journal VERS DEMAIN. Il n'est plus nécessaire de dire pourquoi. Les résultats ont démontré que la méthode est bonne.
Partout où circule VERS DEMAIN, l'idée créditiste s'ancre à demeure et rayonne merveilleusement. Là où le journal est encore inconnu, même si le Crédit Social y fut prêché et bien accueilli, il ne reste plus de la prédication qu'un vague souvenir, aucune expansion de l'idée n'a été possible, les adversaires ont presque effacé la bonne impression du début, et même les fidèles, ignorant ce qui se passe ailleurs, désespèrent, ou à peu près, de jamais voir la théorie devenir un fait.
Vouloir, sans journal, former une opinion publique à l'encontre de toutes les forces au service de l'ennemi, c'est se lancer sans armes contre une armée bien munie de tous les engins modernes.
Le progrès du journal VERS DEMAIN et le progrès du mouvement créditiste dans la province se confondent. Pour gagner un territoire quelconque au Crédit Social, point n'est besoin d'y convertir les organisateurs de partis politiques, ni d'amener à la doctrine ceux qui sont aujourd'hui les maîtres de l'opinion dans ce territoire. Faites-y seulement entrer le petit journal VERS DEMAIN, et tout vire. Les idoles ne tiennent plus dans une paroisse, lorsque vingt, trente, cinquante, cent familles y reçoivent deux fois par mois le petit messager du Crédit Social.
VERS DEMAIN ne se contente pas de gagner des adhérents. Une fois gagnés, il les forme. Il façonne des apôtres pour aujourd'hui, et pour demain des architectes de l'ordre politique et économique plus humain et plus chrétien qu'attend la province de Québec.
Nous avons déjà écrit que, selon nous, lorsque le cinquième des familles d'une localité ou d'un district est abonné VERS DEMAIN, les idées de VERS DEMAIN entraînent la masse de cette localité ou de ce district. L'expérience confirme cet avancé. On sent vivre l'âme créditiste partout où l'on touche à cette proportion de familles abonnées, et surtout lorsque la proportion est atteinte ou dépassée. Allez à Sherbrooke, Asbestos ; parcourez l'Abitibi, la côte de Beaupré, et dites si cela n'est pas vrai.
C'est en se basant sur ce calcul que nous plaçons à 120,000, l'objectif en abonnements pour toute la province de Québec. Soit 50,000 pour le grand Montréal et 60,000 pour le reste de la province de Québec.
Tels chiffres peuvent paraître astronomiques pour une feuille qui n'apporte ni les sensations des nouvelles du jour, ni les résultats des sports, ni les bulletins de modes. Mais, avec la ténacité qui les distingue, les créditistes ne démordent pas. Ils poursuivent un but et ils l'atteindront. Ils savent bien aussi qu'une fois les 60,000 obtenus en dehors de Montréal, c'est toute la province qui sera debout, et le mastodonte suivra bien. Aussi les activités jusqu'ici ont-elles surtout porté sur ce programme particulier : 60,000 abonnés dans les paroisses rurales et les villes autres que Montréal. Et sur les 17,000 abonnés en règle que le journal compte aujourd'hui, plus de 16,000 sont dans cette catégorie, Montréal figurant pour un peu moins de 800.
Remarquez le régime d'ascension du mercure dans le thermomètre des abonnements.
Il fallut une année — douze mois bien comptés — pour monter l'abonnement de 0 à 6,500. Moyenne de 540 par mois. Et nous étions très satisfaits du résultat de cette première année du journal.
Satisfaction chez nous ne veut pas dire arrêt. Nous décidâmes immédiatement de pousser à 13,000 (au double) pour le second anniversaire, le 15 novembre prochain.
Les habitués du journalisme ne nous prirent pas au sérieux. On nous avertit fraternellement que le réabonnement ramènerait tout le problème de l'abonnement et qu'il fallait nous estimer heureux si nous réussissions seulement à maintenir le chiffre de 6,500, remarquable pour un journal d'idées dans la province de Québec.
C'était méconnaître le dynamisme du Crédit Social, qui n'est pas une idée comme les autres.
De fait, le nombre 13,000 cherché pour le 15 novembre 1941 a été atteint dès le 1er juin. Une addition de 6,500, en moins de sept mois au lieu de douze. Moyenne de 930 par mois.
Et le mercure monte toujours. Le voici à 17,000 le 10 août 1941. Donc, augmentation de 4,000 en moins de deux mois et demi. Moyenne de 1,600 par mois.
Cela malgré les déchets, malgré la retraite de quelque trois mille abonnés qui, après une année de lecture, refusent ou négligent de renouveler, tout en se disant pour la plupart gagnés à l'idée. Comme ils sont retombés au rang de simples suiveux, nous ne les comptons plus, même si c'est dans notre sillage qu'ils se laissent porter.
Les objectifs locaux sont établis exactement sur la même base que l'objectif provincial : un nombre d'abonnements équivalent au moins au cinquième du nombre des familles de langue française. Nous disons "au moins", parce que c'est un objectif minimum qu'il est permis de dépasser. Plusieurs localités l'ont déjà franchi et sont définitivement gagnées au Crédit Social.
Les problèmes ne sont pas exactement les mêmes partout, même si partout il faut de gros efforts pour réussir. En général, les grandes villes semblent réclamer beaucoup plus de temps et d'énergies que les paroisses rurales pour atteindre leur objectif.
Sans prétendre offrir un tableau complet, nous donnons ici une liste de places qui ont touché ou dépassé leur objectif, les plaçant par ordre de population, donc par ordre du chiffre de l'objectif. Les résultats sont du 1er août :
Objectif AbonnÉs
Magog...........................................300 337
Asbestos................ 220 338
Amos........................ 160 166
La Sarre................................ 130 162
Ste-Anne de Beaupré,................ 125 145
Malartic......................... 122 210
Ste-Anne de Chicoutimi.............. 100 142
St-Gervais de Bellechasse............ 62 62
St-Victor de Beauce........... 60 64
Beaupré............................ 50 101
Ste-Clothilde de Beauce.............. 25 30
Lennoxville.......................... 20 24
St-Pierre (Ile d'Orléans)............ 20 22
Bonne-Nouvelle (Abitibi)...... 16 22
St-Viateur, (Joliette).............. 11 25
St-Maurice de Dalquier (Abitibi).. 10 35
Ste-Pétronille (Ile d'Orléans).... 9 25
St-Hilaire de Dorset................ 8 22
Cela veut dire, par exemple, qu'à St-Hilaire de Dorset, en Beauce, avec une population de 40 familles, on a posé comme objectif 8 abonnés ; il s'y trouve à date 22 abonnés — objectif fort dépassé.
De population à peu près équivalente à Asbestos, Lac Mégantic essaie de l'imiter et atteint 127 abonnés sur un objectif de 190. De même, Rouyn compte 183 abonnés, son objectif est 200.
Parmi les villes populeuses, d'environ 15,000 âmes ou davantage, aucune encore n'a pleinement atteint son objectif. Sherbrooke est celle qui en approche le plus.
Voici quelques résultats, énumérant un certain nombre de ces grandes villes par ordre de population. Nous ne mentionnons pas celles qui ne comptent pas encore 100 abonnés. Toujours à la date du 1er août :
Objectif AbonnÉs
Québec............... 5000 1,713
Trois-Rivières........... 1280 237
Sherbrooke........................ 1200 975
Hull................................ 1080 115
Drummondville.................. 720 366
Shawinigan.............. 700 222
Chicoutimi......................... 600 155
Thetford............................ 550 275
Cap-de-la-Madeleine.............. 425 115
Il reste encore beaucoup d'ouvrage à faire. Mais les résultats obtenus depuis un an sont un gros encouragement et permettent d'augurer une année de magnifique développement.
DEVANT LE THERMOMÈTRE
À quel niveau voudrais-je voir le mercure dans un an ?
Quelle a été ma part d'efforts dans le résultat atteint ?
Quelle va être ma part d'efforts dès maintenant ?