Si nous avions à faire la dédicace du présent numéro de VERS DEMAIN, nous serions tenté de l'offrir en hommage aux adversaires du Crédit Social.
La compagnie des mangeurs d'humanité dont nous soulignons quelques exploits dans ces colonnes leur convient sans doute admirablement.
Ils trouvent le système actuel digne de respect et jugent qu'il serait sacrilège d'y toucher. Très bien, qu'ils placent donc à leur chevet et vénèrent religieusement les grandes figures des Patterson, des Rothschilds, des Hamilton, que nous esquissons en passant ; celles des Fugger, des Seyd que nous leur mettrons sous les yeux dans un prochain numéro ; ou les grands modernes genre Kuhn, Lœb, Schiff, Warburg, Morgan, Montagu Norman, Holt, Gordon.
On nous répliquera que les adversaires de la doctrine créditiste ne pratiquent pas précisément la dévotion envers ces incarnations de l'astuce et de la froide exploitation. Quel mobile, alors, les inspire ?
Si, d'après eux, le système d'argent-dette, d'asservissement des nations aux comptables du crédit, est une remarquable invention, qu'ils rendent hommage aux inventeurs et aux artistes qui l'ont développée.
S'ils ne l'approuvent pas, mais qu'ils ne veulent pas du remède aussi scientifique que social proposé par les créditistes, qu'ils se hâtent de nous apporter un correctif efficace.
Quel mobile, encore une fois, inspire les adversaires ?
L'amour de la vérité ? Qu'ils réfutent donc un seul des principes du Crédit Social.
La protection de la propriété et de l'épargne ? Mais le Crédit Social ne fait que consolider ces deux choses qui s'effondrent aujourd'hui sous les taxes et les charges visibles ou dissimulées du système.
Le maintien du patronage politique, auquel la sécurité assurée à chacun enlèverait toute importance ? Motif inavouable.
La domination facile d'une multitude appauvrie ? Qui osera se faire le panégyriste de pareille philosophie ? C'est pourtant, croyons-nous, ce qui hante bien des têtes, un peu creuses, mais parées de dignes intentions : Les gens se conduiront mal, pensent-elles, et n'obéiront à aucune autorité s'ils sont financièrement indépendants ! Comme si c'était par le ventre qu'on doit conduire les hommes à leur fin dernière !
Non, nous dira-t-on peut-être. Mais ceux qui s'opposent au Crédit Social ne le connaissent pas comme vous. Ils le prennent pour ceci, ou pour cela ! — Dans ce cas, pourquoi en parlent-ils ? Sottise ou infatuité ? C'est souvent synonyme !
Nous allons demander un double service à nos lecteurs :
Premièrement, faire cadeau du présent numéro de VERS DEMAIN à tout adversaire déclaré du Crédit Social dans leur localité.
Deuxièmement, nous envoyer les noms et adresses de ces vaillants champions du système rothschildien — qu'il s'agisse d'un marchand qui se croit gros à St-Malo du Manitoba ; d'un notaire qui se pense fin à St-Marc des Carrières ; d'un freluquet de quelque salle de rédaction de l'illustration du Canada, de l'Événement-Journal ou d'autres ; d'un professeur qui se débat avec des surproductions de blé et la vélocité de la circulation de l'argent aux Hautes-Études de Montréal ; d'un chercheur de gloire qui ne sait même pas traduire honnêtement les auteurs qu'il cite ; ou simplement de quelque politicien huître ou sangsue de Québec ou d'Ottawa. Grands ou petits, sots en apparence ou sots réels, profiteurs ou dupes, nous tenons à immortaliser les noms de ces preux dans un registre aux armes du monstre international.