Tant que durera cette disparité entre le pouvoir d’achat et les prix de vente des produits qui pousse à la lutte pour s’emparer des marchés et constitue un véritable germe de guerre, que peut-on attendre des conférences internationales pour la paix? Et quel soulagement une nation peut-elle espérer lorsque son gouvernement recourt à de nouvelles émissions d’obligations pour financer «des programmes de relèvement?» Est-ce en s’endettant de plus en plus, en hypothéquant la production à venir entre les mains de banquiers privés que nous allons restaurer sainement la consommation de la production actuelle?
Nous sommes de plus en plus acculés à faire un choix. Allons-nous délibérément continuer notre régime de dettes et de pauvreté et imiter la Russie de 1916 vers une révolution d’une violence insensée? Ou allons-nous plutôt préférer une ÉVOLUTION tranquille, ordonnée et nécessaire dans la comptabilité de notre système monétaire, évolution qui conduira à une ère de prospérité et d’abondance soutenues?
Le Canada peut-il hésiter plus longtemps? Toutes nos machines productives sont plus qu’inutiles si nous ne pouvons en acheter les produits. Leur seule raison d’être est de produire des biens pour la consommation. Ces marchandises et services désirés par le consommateur et l’aptitude du pays à les produire constituent la richesse réelle du Canada. Cette richesse est la seule base véritable de notre Crédit National. Mais nous ne pouvons aujourd’hui utiliser ce Crédit Réel à cause de la comptabilité pervertie d’un système monétaire moribond qui présente ce crédit comme dette insolvable. Le fardeau de cette dette, pure création du système financier, continuera de paralyser l’industrie et le commerce jusqu’à ce qu’on ait enfin compris que le Crédit du Canada est un ACTIF NATIONAL, non une dette au système bancaire. Le simple bon sens commande cette rectification. Une comptabilité saine considérera naturellement notre capacité de production comme un CRÉDIT, et non comme une dette au teneur de livres. Il est plus que temps d’en venir là, d’effectuer le changement avant que s’installe le désordre. Pourquoi attendre une autre faillite de comptabilité qui révoltera un monde fatigué de se priver devant une vitrine débordante?
Un système sain doit fournir la monnaie nécessaire pour l’échange des produits. Cette monnaie doit être un outil du commerce, un intermédiaire d’échange et non une dette. Mais tant que la monnaie du pays est, par son origine et sa destinée, entre les mains d’hommes intéressés premièrement à leurs profits personnels, comment peut-on espérer un rapport raisonnable entre la somme de monnaie et la somme des produits? Un monopole financier qui crée la monnaie à l’état de dette ne peut donner qu’un système monétaire ignorant des besoins de la consommation. Un système de cette nature ne peut que conduire au mal chronique dont souffre le monde: insuffisance de pouvoir d’achat.
S’il était question d’une insuffisance de produits, il n’y aurait qu’à se soumettre, se priver, ou du moins se rationner. Mais on sait qu’il n’en est pas ainsi. On sait que le Canada possède assez de richesses naturelles, de machines, de cerveaux et de bras pour mettre l’aisance, le confort, et même ce qu’on appelle encore aujourd’hui le luxe, dans tous les foyers. Pourquoi alors une monnaie rare? Rareté artificielle créée et maintenue par ceux qui contrôlent notre monnaie, parce que cette politique les a admirablement servis jusqu’ici. Ils sont devenus les maîtres de la nation et «nul ne peut respirer sans leur permission». Par cette rareté, ils maintiennent le prix élevé de la monnaie dont ils ont le contrôle absolu et peuvent commander la richesse.
Mais nous nous en rendons à peine compte, parce qu’on a faussé notre mentalité. Les grands-maîtres de la finance internationale et les économistes à leur solde ont habilement entretenu l’illusion. Tant que le public ne se sera dévêtu de cette fausse idée de rareté, de richesse très limitée, il ne songera pas à réclamer un changement radical et le crédit financier ne sera pas la réflexion exacte du crédit réel.
Il est futile d’attendre des maîtres du système qu’ils le corrigent eux-mêmes; ils devraient pour cela abdiquer le contrôle qu’ils ont usurpé, car jamais une monnaie saine ne peut sortir d’un monopole privé qui ne cherche que les profits. Faut-il attendre passivement que les gouvernements opèrent le changement? Ils sont aujourd’hui soumis aux maîtres de la finance, à la porte desquels ils vont servilement demander la permission de se servir du crédit réel de la nation, endettant la nation entière pour obtenir cette permission. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui détiennent le pouvoir soient des hommes corrompus ou des traîtres. Mais ils suivent le chemin battu. Peut-être conçoivent-ils eux aussi l’absurdité d’un gouvernement asservi à des particuliers. Mais s’ils manifestent le désir de rectifier la situation, la force organisée des puissances d’argent se dresse devant eux. Que peuvent-ils, à moins d’avoir pour eux cette autre force toute-puissante, une opinion publique éclairée?
C’est dire que le changement ne peut venir que du peuple lui-même, évidemment par voie légale, par l’entremise de ses représentants, lorsqu’il saura réclamer et exiger ses droits, le droit de vivre autrement qu’en paria dans son propre domaine, quand ce domaine déborde de richesse bien à lui.
Le temps d’un changement est arrivé. C’est maintenant et tout de suite. Les forces écrasantes de la nécessité économique exigent qu’on envisage ce fait et qu’on s’applique sérieusement à élaborer et mettre en fonctionnement un système monétaire sain, qui établisse et maintienne l’égalité entre le pouvoir d’achat de la nation et les prix des produits que la nation peut fournir pour répondre à ses propres besoins. Refuser de se rendre à cet appel n’est rien moins qu’un suicide national.
Le Crédit Social répond à cet appel. La solution proposée par Douglas au plus grand problème de notre époque est un système monétaire scientifique basant le volume du crédit directement sur le volume des produits. Douglas a défini le Crédit Social comme «un système capable de monétiser la richesse réelle existante au profit de la société». Le Crédit Social fournit un plan pratique bien défini pour le fonctionnement d’un système monétaire conçu spécialement pour équilibrer le pouvoir d’achat avec la production.
Voici les propres paroles du Major Douglas: «La fonction d’un système financier efficace et moderne est d’émettre du crédit au consommateur, jusqu’à concurrence de la capacité de production du producteur, tant que le consommateur n’est pas rassasié, ou la capacité de production épuisée.»
Le Crédit Social vise aussi au relèvement immédiat et permanent des affaires. Son but est de «cesser l’accumulation des dettes, nationales et internationales, et mettre fin à l’existence continue et simultanée de la surabondance et du dénuement.» (A.-R. Orage)
La voix du public acheteur réclame de plus en plus instamment un régime qui remplace le déluge des dettes par la sécurité économique pour tous. La dépression doit céder les lieux à une prospérité nationale permanente, solidement établie sur la RICHESSE RÉELLE. En cet Âge d’Abondance, fruit des progrès de la science et de l’industrie, nous ne pouvons plus ignorer que chaque individu, à titre de consommateur, est un associé dans l’industrie et, d’ailleurs, la production pourrait-elle continuer sans le flot continu des acheteurs?
Nous avons vu que l’insuffisance actuelle de pouvoir d’achat entre les mains des consommateurs est due à deux causes fondamentales, toutes deux provenant du système de monnaie-dette. Les propositions du Crédit Social sont conçues pour supprimer ces causes et par là-même éliminer le manque de pouvoir d’achat. Brièvement, le but que se propose le Crédit Social, c’est, en premier lieu, «simplement d’augmenter le pouvoir d’achat par un système monétaire qui opère automatiquement, puis d’adapter le système aux conditions du progrès moderne qui exige de moins en moins d’opérateurs au service des machines perfectionnées de la production». (Douglas.)
Ceci peut paraître une tâche immense. Voyons si elle est possible et comment. Le Crédit Social affirme qu’elle est aussi possible que logique et nécessaire. «Prétendre que notre monde, auteur des merveilleux progrès mécaniques, scientifiques et intellectuels des 150 dernières années, n’est pas capable d’établir un système, une combinaison de comptabilité et d’émission de billets qui reflète fidèlement les faits de la production, à mesure qu’ils changent de temps à autre, c’est de beaucoup dépasser les bornes de la crédulité d’un public exaspéré.» (Douglas.)
Si l’on veut une monnaie qui travaille pour nous et non contre nous, il faut d’abord voir à sa nature: qu’elle soit une monnaie-Crédit au lieu d’une monnaie-Dette. On devra ensuite, pour que le système économique remplisse efficacement son rôle de production et de distribution des produits, faire disparaître la disparité entre le pouvoir d’achat et les prix de vente. La méthode la plus efficace pour établir l’équilibre semble être d’élever le pouvoir d’achat et de diminuer les prix, simultanément.
Comment y arriver d’une façon pratique?
Une prospérité générale et permanente dépend évidemment d’un équilibre constant entre un niveau de production élevé et un niveau également élevé de consommation. On maintient cet équilibre en satisfaisant constamment les besoins vitaux des consommateurs au moyen de produits actuels des producteurs. Pour que les consommateurs puissent exercer un appel efficace sur les produits, ils doivent avoir suffisamment de monnaie pour se procurer ces produits. Une demande sans monnaie, c’est-à-dire sans l’outil indispensable, est impuissante, inefficace. La seule limite justifiée à la satisfaction des besoins de la nation; c’est la limite de sa capacité de production. Cette capacité de production n’est actuellement utilisée que dans une faible proportion seulement.
Il faudrait avoir suffisamment de monnaie disponible pour exprimer exactement la demande de produits. La monnaie, faisant office de pont entre les désirs et les produits, doit reposer sur le CRÉDIT RÉEL, c’est-à-dire sur le degré d’aptitude de la nation à livrer aux consommateurs les biens dont ils ont besoin.
En d’autres termes, la monnaie doit refléter véritablement les faits de la RICHESSE RÉELLE. La monnaie étant le moyen accepté pour exprimer efficacement une demande de produits disponibles, l’équilibre entre l’aptitude de la nation à produire et son aptitude à acheter ses produits doit s’effectuer par la monnaie.
Le relèvement permanent des affaires demande donc de hausser la consommation au niveau de la production. La nation, à la fois acheteuse et consommatrice des produits, doit pouvoir acheter ce qu’elle produit. Le Canada consommateur n’absorbera la production entière du Canada producteur, qu’en autant que son pouvoir d’achat sera au niveau de sa capacité productive. On n’arrivera à cet équilibre qu’en contrôlant le montant total de la monnaie en circulation de telle sorte qu’il varie en proportion directe de la production trouvant consommateur.
Pour être sain, pour livrer efficacement aux consommateurs les produits qu’ils demandent et qui sont tout à fait possibles, le système monétaire doit être une expression fidèle du crédit réel.
«La ré-identification du crédit réel avec le crédit financier est la véritable question en jeu.» (Douglas.)
Deux mesures sont nécessaires pour établir un système monétaire qui reflète véritablement notre Crédit Réel. Toutes deux ressortent du gouvernement fédéral agissant comme représentant du peuple. Toutes deux sont d’exécution facile, en se servant d’agences déjà existantes au service du gouvernement.
La première nécessité, — on l’a déjà démontré — c’est de restituer à la nation ses droits constitutionnels en matière de monnaie. Le contrôle du volume de monnaie de la nation est une prérogative souveraine que seul doit exercer le gouvernement souverain. Ce contrôle inclut le crédit aussi bien que le numéraire. Ce sera le premier pas vers une véritable reprise économique d’un caractère permanent.
En second lieu, la nation doit recueillir les faits et chiffres établissant notre capacité de production et de livraison des produits à la consommation. C’est sur cette fondation solide que repose notre Crédit Réel.
À cette fin, dès que la nation aura repris le contrôle constitutionnel de son propre système monétaire, l’action pratique et immédiate proposée par le Crédit Social sera la nomination d’une commission de Crédit National, complètement en dehors de la politique. Le premier devoir de cette commission serait de dresser un inventaire national de la capacité productive actuelle du pays en tant qu’il s’agit de produits désirés par les consommateurs. Un COMPTE DE CRÉDIT NATIONAL serait ouvert, basé sur cette capacité de production. Le compte de Crédit National est simplement un bilan représentant les faits connus de la capacité de production comparés avec la consommation; on peut considérer cette dernière comme exprimant le pouvoir d’achat.
Ce compte fournit les données pratiques pour régler la monétisation de la Richesse Réelle de la Nation, c’est-à-dire l’expression de sa valeur en monnaie. Le but de ce compte est de tenir les prix de vente créés dans la manufacture de richesse de la nation en équilibre constant avec les billets-monnaie distribués pour acheter cette richesse.
Monétiser la richesse réelle signifie transformer le crédit réel en son équivalent financier. C’est nécessairement un travail de tenue de livres exactement comme la création actuelle de la monnaie. Mais il y a cette différence qu’aujourd’hui le volume de monnaie de la nation est créé à l’état de dette dans les livres de comptabilité du système bancaire privé, au lieu que le Crédit Social crée une monnaie exempte de dette, représentant un actif réel, un véritable Crédit, dans les livres de la nation.
La Commission du Crédit National, libre de toute attache politique, agit comme un bureau de comptables. Elle groupe et classe, dans la feuille de balance nationale, les chiffres résumant notre énorme capacité productive comparée avec notre consommation de produits si restreinte aujourd’hui. La nation est créditée de sa production et débitée de sa consommation. La balance indique la limite réelle du Crédit National. Le surplus de production sur la consommation est rendu profitable sous forme de crédit pour augmenter la consommation.
Le Trésor émet, sous forme de crédit directement aux consommateurs, de la monnaie en quantité suffisante pour les rendre capables d’acheter toutes les marchandises produites qui conviennent à leurs besoins. Cette monnaie de crédit sera en quantité exactement suffisante pour permettre à la capacité de production établie de livrer marchandises et services aux consommateurs. Pour cela, il faut que le volume de la monnaie soit basé sur le rapport courant entre la production et la consommation. Le Compte de Crédit National est essentiellement un rapport de l’état des affaires de la nation, de la production et de la consommation de richesse réelle pendant une période déterminée. Le crédit réel est transformé en crédit financier dans la comptabilité du Trésor en vertu des pouvoirs constitutionnels du gouvernement.
Le compte de Crédit National est administré par la Commission de Crédit National, composée de commissaires indépendants des partis politiques, dont l’autorité, dans leur sphère, est comparable à celle de la Cour Suprême en matière de loi. Il est suggéré que le président de cette commission soit désigné sous le titre de Commissaire du Crédit National et soit nommé par le Gouvernement. Le Commissaire du Crédit National et les autres membres de la Commission de Crédit devront être, par dessus tout, des hommes d’une intégrité irréprochable, reconnus pour leur compétence et leur expérience en comptabilité et en mathématiques.
Saisissons bien le point le plus important à propos de cette émission de monnaie de crédit basée sur le crédit réel de la nation: la monnaie ainsi créée est garantie 100% par la richesse de la nation, c’est-à-dire par la capacité de la nation à produire marchandises et services et à les livrer aux consommateurs qui les demandent. Cette richesse, créée par les industries de la nation, est un ACTIF.
Le Crédit Social la reconnaît comme telle et non comme une dette au système bancaire. C’est pourquoi sa monnaie est exempte de dette.
Un exemple sommaire et quelques chiffres illustreront d’une façon générale comment le Compte de Crédit National produit les faits nécessaires à la monétisation de la richesse réelle. Supposons que le tableau donné ci-dessous représente un compte trimestriel du Crédit National.
D’après les chiffres de cet exemple, le Trésor pourrait émettre deux milliards et demi de dollars, en monnaie de crédit, transformant ainsi le crédit réel en crédit financier placé à la portée des consommateurs pour leur permettre d’acheter les fruits de la production.
L’institution et la tenue des comptes de crédit national n’exigent pas la «nationalisation» des banques. En pratique, telle nationalisation serait une grande erreur. «Je ne suis pas moi-même avocat de la nationalisation des banques, disait Douglas en 1935. Je crois que c’est là une des méprises qu’on commet si fréquemment dans ce domaine. La nationalisation des banques en soi est simplement un changement d’administration; elle n’entraîne pas pour cela un changement de méthode. Or on ne peut s’attendre à ce qu’un simple changement d’administrateurs produise des résultats. C’est un changement dans la politique monétaire qu’il faut et ce changement peut s’effectuer sans intervenir avec l’administration ou le propriétaire d’une seule banque au monde.» Seule la politique monétaire doit être placée sous le contrôle national.
Bien que le Crédit Social mette fin au monopole qu’exerce actuellement le système bancaire sur le volume de la monnaie, il garderait les banques et protégerait les banquiers. Le gouvernement assumerait en propre, comme fonction constitutionnelle, le contrôle complet de l’émission de la monnaie. Ce changement ne comporte ni violence, ni suppression des banques. Tel que proposé, le Crédit Social conserverait au système bancaire son caractère de propriété privée. Les banques pourraient, sous la surveillance du gouvernement, servir de succursales du Trésor. Elles s’occuperaient de monnaie, accepteraient les dépôts et tiendraient les livres de comptes nécessaires pour la circulation des chèques. Les transactions commerciales leur resteraient. En effet, d’après Hattersley, «les banques sont des institutions utiles pour recevoir en dépôt la monnaie du peuple et recouvrer les dettes. L’art bancaire est un des arts les plus perfectionnés des temps modernes. Le mécanisme, des banques doit être préservé autant que possible, peut-être même développé. C’est la régie monétaire qu’il faut enlever au contrôle privé.»
Ceci veut tout simplement dire que les banques ne pourront plus exercer le pouvoir monopolistique et souverain qu’elles possèdent aujourd’hui de créer et de détruire la monnaie.
Industrie et individus ont besoin des facilités du système bancaire pour leurs activités commerciales. Toutes les fonctions utiles des banques seront sauvegardées pour le service et la commodité des affaires. Le système bancaire servira de plus à la distribution des crédits du gouvernement aux consommateurs. Les prêts bancaires continueront, mais ce seront de simples prêts, 100 pour cent de réserve, et non des créations de dettes. Au lieu de tirer leurs profits d’intérêts sur une monnaie créée à l’état de dette, les banquiers toucheront des honoraires pour services rendus.
Le Crédit Social propose d’utiliser et de rémunérer les aptitudes des banquiers compétents qui mettront leur expérience au service de la Commission du Crédit National. Les occasions pour les banquiers de rendre des services utiles et profitables au public se multiplieront avec l’augmentation de prospérité.
Mais le contrôle du Crédit doit passer du système bancaire à l’État, qui représente tous les citoyens consommateurs, pour que le Compte de Crédit National fonctionne d’une façon pratique. Ce compte, reflétant la richesse réelle du pays et égalisant le crédit financier avec le crédit réel, fournirait une circulation de monnaie-Crédit suffisante pour les affaires et les consommateurs.
L’introduction du Compte de Crédit National ne dérange en rien les pratiques d’affaires actuelles.
La Constitution donne au Gouvernement le pouvoir d’émettre et de contrôler la monnaie. Pourquoi ne se sert-il pas de ce droit? Non seulement permet-on au système bancaire de monopoliser la création de monnaie pour l’industrie, mais le gouvernement lui-même emprunte des banques son propre crédit, empilant sur des administrés un fardeau de plus en plus lourd, enchaînant la nation au système bancaire privé par une dette publique toujours croissante, alors qu’elle n’a pas sa raison d’être. Stupide ou outrageant? L’un et l’autre. Mais l’opinion publique, qui seule peut changer cet état de choses, ne fera sentir sa pression que lorsqu’un nombre plus considérable sera au courant des faits. Les faits une fois connus, la demande publique changera certainement la situation, car, ne l’oublions pas, c’est avec notre consentement que les banques exercent leur monopole sur la monnaie et le crédit. Elles tiennent leurs chartes du gouvernement.
L’idée d’un gouvernement créant de la monnaie pour fournir du pouvoir d’achat aux consommateurs de la nation peut faire surgir dans certains esprits le spectre de l’inflation. Inflation! Épouvantail immanquablement agité par les banques et ceux dont les intérêts sont soudés à ceux des banquiers dès que vient sur le tapis la question de modifications au système monétaire. Ils prennent bien garde de tirer au clair le sens du mot «inflation». L’inflation n’est pas une simple augmentation du pouvoir d’achat. C’est une augmentation dans la quantité de monnaie (monnaie de papier ou autre) accompagnée d’une augmentation des prix. L’inflation suppose donc une augmentation parallèle et de la monnaie et des prix. Elle provient d’une trop grande abondance de monnaie par rapport aux produits, ou si l’on veut, de titres à la richesse par rapport à la richesse. Mais si l’augmentation de monnaie correspond à une augmentation de production, il n’y a pas d’augmentation de prix et pas d’inflation.
Tout le monde sait que l’inflation est dangereuse à cause de l’augmentation des prix qui la caractérise et qui ruine le pouvoir d’achat des salariés. Le Crédit Social évite et prévient l’inflation par le contrôle automatique de l’émission de la monnaie, non seulement dans son émission, mais dans son rapport avec la richesse sur laquelle est basée son émission. Le Compte de Crédit National régularise le montant de monnaie émis de manière à éviter et l’inflation et la déflation. Le Crédit Social assure le contrôle de la monnaie par rapport aux produits d’une façon directe et absolue, au moyen du «juste prix». C’est la fin du règne des paniques, des débâcles et des dépressions.
La monnaie créée sur la base de l’excédent de richesse indiqué par le Compte de Crédit National sera employée de deux manières pour établir la parité entre le pouvoir d’achat et les prix de vente.
La première manière augmente le pouvoir d’achat de chaque dollar de l’acheteur tout en empêchant l’inflation des prix: c’est la méthode dite du JUSTE PRIX. L’autre prend la forme de DIVIDENDE NATIONAL. Considérons d’abord le JUSTE PRIX.