Deux voix penchées sur un berceau canadien

Louis Even le jeudi, 01 août 1996. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

1re voix — Voix du régime actuel

L'article suivant, toujours à point, est l'extrait d'une causerie qui a été donnée par Louis Even à Radio-Canada, en juillet 1945 :

Enfant, tu es né au Canada. Pays d'abondance, oui, et où il ne manque de rien. Si certaines douceurs ne s'y trouvent pas, le Canada peut facilement les obtenir en échange des surplus de sa propre production.

Mais ne va pas croire, pour cela, enfant, que ta vie doive être facile et heureuse, dans ce pays d'abondance. Non, il faut que, dès ton entrée dans la vie, tu sentes les obligations de ton pays.

Canada, pays endetté

Ton pays est endetté. Ce sont bien tes pères, il est vrai, qui ont taillé dans la forêt, avec beaucoup de travaux et de fatigues, le patrimoine qui produit tant et si bien aujourd'hui. Mais, pendant que, génération après génération, ils agrandissaient le Canada et le rendaient plus productif, des hommes habiles en opérations financières, des hommes disposant du mécanisme des banques pour faire l'argent abondant ou rare à leur gré, ont exploité le travail des autres, et ces hommes-là sont devenus les véritables maîtres et dominateurs de ton pays.

Ils ont amusé le peuple avec des luttes entre partis politiques, financé des caisses électorales, et tenu les politiciens en laisse et le peuple dans l'ignorance, pour mieux réussir leurs exploitations.

Aujourd'hui, les fermes faites par tes pères sont hypothéquées aux mains des financiers qui n'ont jamais versé une goutte de sueur dans les sillons. Les immenses ressources forestières, hydrauliques et minières de ton pays sont passées sous la coupe de manipulateurs de piastres. Le mieux que tu puisses espérer, enfant qui descends des fondateurs de ton pays, c'est de pouvoir travailler un jour au service de ceux qui te l'ont volé. C'est d'ailleurs à cela que tous les tiens ont appris à réduire leurs ambitions.

La loi de l'embauchage

Mais je n'ai que quelques minutes à te parler, enfant, et je veux surtout te mettre au courant d'un règlement que ton père, ta mère, tes grands frères et tes grandes sœurs respectent à l'égal d'un commandement de Dieu, et auquel tu devras te soumettre toi-même toute ta vie, parce qu'il est inexorable.

Ce règlement, c'est que quiconque ne travaille pas à la production du pays n'a aucun droit aux produits du pays.

Veux-tu comprendre ? Regarde seulement cette famille qui t'entoure.

Ton père est un ouvrier d'usine. Il reçoit un salaire avec lequel il peut acheter des produits du pays. C'est juste, parce que, par son travail, il contribue personnellement à la production de son pays.

Mais ta maman ? Ta maman peut travailler à partir des petites heures du matin jusqu'à bien tard dans la nuit ; elle peut aider à tenir ton père en santé pour qu'il puisse continuer son travail salarié ; ta maman peut élever des enfants qui, plus tard, feront leur part pour la production du pays.

Ta maman peut faire tout cela, et bien d'autres choses encore, mais elle n'en reçoit pas un seul sou pour acheter le plus petit article de la production du pays. C'est que, vois-tu, elle n'est pas embauchée à salaires, et il n'y a que l'embauchage qui donne le droit de vivre, d'après le grand règlement. Pour que ta maman puisse obtenir quelques droits à la production du Canada, il faudrait qu'elle t'abandonne ici, et qu'elle aille travailler dans une usine ou dans un bureau.

Tes grandes sœurs de même

C'est le règlement, le grand règlement, accepté universellement. Il y a bien des moralistes, des sociologues, qui parlent avec raison contre le travail des femmes dans l'usine, qui réclament la femme au foyer ; mais ils sont les premiers à prêcher le respect du grand règlement qui ignore le mérite du travail au foyer et qui attache le pain quotidien uniquement à l'embauchage salarié.

C'est en vertu de ce même règlement que toi, enfant, tu n'apportes à tes parents, en naissant, aucun droit d'obtenir une plus grosse part de la production du pays. En entrant dans ce foyer, tu augmentes les besoins de la famille, mais tu n'augmentes pas pour cela les revenus de la famille, parce que tu n'es pas embauché pour la production.

L'enfant, un fardeau pour la famille

Le règlement fait de toi un poids pour la famille. Et comme tu es venu au monde dans une famille déjà nombreuse, tu ne pourras connaître beaucoup des aménités de la vie. Le règlement ne met pas les produits dans les maisons d'après le nombre de personnes à nourrir, à habiller, à loger, mais d'après le nombre de ceux qui ont un emploi. Et les petits enfants n'ont pas d'emploi. Aussi, est-ce souvent les familles qui ont le plus d'enfants en bas âge qui doivent se tasser dans les logis les plus étroits, qui doivent s'asseoir autour des tables les moins chargées.

Tes parents savent bien cela, enfant. Ils en souffrent. Mais ils n'y peuvent rien, C'est le règlement. Ils voudraient pour toi une nourriture plus fraîche, plus vitaminée. La nourriture fraîche et vitaminée peut exister en abondance sous leurs yeux ; mais on laissera plutôt périr toutes les bonnes choses que de changer le règlement, et tu n'en auras pas.

On fait bien une petite innovation cette année. Le gouvernement ajoute quelque chose dans la maison pour les enfants. Mais il ne le fait qu'avec parcimonie, en comptant bien exactement le nombre et les âges, en diminuant la part si les enfants sont trop nombreux ; puis il a soin de commencer par prendre dans les poches ce qu'il met dans les mains.

Il a soin aussi d'appeler cela allocations : c'est une charité, pas un droit. La famille est acceptée comme une charge pour la communauté, une charge qu'il faut soutenir avec les taxes, comme on soutient une léproserie ou un hôpital d'aliénés, tout en désirant que les pensionnaires soient le moins nombreux possible.

C'est le règlement. Le règlement est suprême.

Le règlement de l'argent, bien protégé

Malgré toutes les privations que tu devras souffrir en face de l'abondance, par respect pour le règlement, tu grandiras quand même, enfant, et tu iras à l'école un jour. Peut-être n'y apporteras-tu qu'une santé amoindrie par le manque de soins appropriés ; mais c'est le règlement qui t'aura fait chétif ou anémié, et le règlement passe avant ta santé, avant ton bonheur ou celui de tes parents. Tu n'auras qu'à supporter et bûcher quand même.

D'ailleurs, on s'aura t'enseigner à l'école que la vie doit être très dure. Il se trouvera des maîtres et des maîtresses pour te dire que c'est la volonté de Dieu que la vie soit dure ; que la Providence a fait une erreur en mettant l'abondance sur la planète, et qu'il est heureux qu'un règlement lie les mains des hommes devant cette abondance. Des universitaires, genre François-Albert Angers, sauront fouiller les saintes Écritures pour y trouver des textes pour appuyer le règlement.

Les auteurs et protecteurs du règlement ont assez d'influence dans tous les milieux pour faire honorer et respecter leur règlement, si barbare puisse-t-il paraître.

Aspirations personnelles soumises à l'argent

Peut-être, enfant, prendras-tu tellement goût à l'étude malgré toutes les fatigues, que tu voudras les continuer au-delà du cours primaire. C'est que le bon Dieu a mis du talent et la soif de connaissance dans la tête des enfants canadiens.

Mais écoute, enfant : quand même tu aurais du talent à revendre, du talent qui, une fois cultivé, ferait à la fois ton bonheur et la richesse de ton pays, tu ne pourras continuer tes études que si tes parents ont assez d'argent pour les payer. Et l'argent pour les payer restera conditionné par l'application du règlement.

Ton père travaillera-t-il encore et gagnera-t-il assez ? Tes grands frères travailleront-ils et gagneront-ils ?

Rien n'est là pour le garantir. Le contraire est fort à craindre.

Punis par le progrès

C'est que, vois-tu, enfant, enfant, tout le monde est en progrès, et le fameux règlement fait du progrès un malheur. Plus il y a d'hommes qui développent leurs talents et qui inventent de nouveaux moyens de produire rapidement et mécaniquement les choses à vendre, moins il y a besoin de bras dans la production. Et moins il y a de bras nécessaires, moins il y a d'emploi, moins il y a de salaires.

L'abondance facile, l'abondance qui vient plus vite que le travail, accumule ainsi les produits non vendus, puisqu'il n'y a pas de salaires pour acheter l'abondance qui se passe de travail. On tombe alors dans une crise. Pas une famine causée par des magasins vides, mais une famine causée par des magasins trop pleins. Une crise qui fait blasphemer parce que la Providence est trop généreuse.

La guerre accueillie comme un bienfait

Le progrès mène là, à cause de l'application du règlement. À moins et cela doit-être dit, enfant à moins qu'une grande guerre éclate. Alors, toute crise d'abondance cesse, parce qu'on détruit la production à mesure qu'on la fait. Alors, il y a de l'embauchage à plein, il y a du travail pour tout le monde, pour tous ceux qui ne sont pas employés à tuer ou à se faire tuer.

Tu peux t'attendre à connaître cela, enfant, car pas une génération ne passe sans une grande guerre. Et sans grande guerre, d'ailleurs, comment ferait-on comment ferait-on pour sortir d'une crise sans briser le vénérable règlement ?

Quand une crise d'abondance a duré trop longtemps, il est grand temps qu'une guerre éclate, afin que les hommes ne se révoltent pas et qu'ils ne fassent pas sauter le règlement financier. Le principal avantage des guerres, c'est de sauvegarder la maîtrise de la finance et d'empêcher le règlement de faire faillite. Qu'un côté ou l'autre gagne, c'est secondaire ; la survivance du système est le point capital.

Ta maman ne doit pas entendre dire ces choses. Elle ne doit pas aimer à penser qu'elle t'a mis au monde, qu'elle t'a élevé, qu'elle et ton papa ont fait de grands sacrifices, rien que pour te voir cahoté par les difficultés de la vie au travers de ton enfance et de ton adolescence, puis, à la fleur de ton âge, jeté, soit sur le pavé par une crise d'abondance, soit dans la tuerie par une guerre universelle.

Le règlement financier au-dessus de tout

Mais, enfant, c'est le règlement. C'est le règlement de l'argent qui cause tout cela. Et le règlement de l'argent doit dominer et étouffer les plus légitimes, les plus nobles, les plus généreuses aspirations des cœurs humains.

Que les commandements de Dieu soient violés ; que les commandements de l'Église soient méprisés peu importe. Que les hommes se haïssent et s'entr'égorgent - peu importe. Pourvu que le règlement de l'argent soit observé.

Ta vie, enfant, sera ce que tu pourras la faire, mais toujours en fonction du grand règlement : Aucun accès aux produits sans le droit qui s'appelle argent ; et aucun argent pour avoir les produits, sans être personnellement embauché dans la production.

Mon temps est terminé, je te laisse. Cesse de sourire à la vie, et rappelle-toi toujours ta condition d'esclave. Esclave de ceux qui, par le contrôle de l'argent et du crédit, tiennent entre leurs mains le contrôle de la vie : tu ne respireras qu'avec et selon leur permission.

2e voix — La voix du Crédit Social

La deuxième partie d'un extrait d'une causerie de Louis Even donnée en juillet 1945 à Radio-Canada, avec des chiffres adaptés à l'année 1996 :

D'institution divine ou d'institution humaine ?

Enfant, tu viens d'entendre une voix barbare. Elle t'a pourtant dit la vérité, hélas ! sur l'économie qui règne aujourd'hui et qui jette le monde de guerres en crises, de crises en guerres, de désordre en désordre.

Mais, enfant, cette économie-là n'est point d'institution divine, elle est d'institution humaine. Le fameux règlement qui mesure la distribution des biens n'a point été établi par Dieu, mais par des hommes ; et les hommes sont parfaitement libres de le changer.

Les hommes feront plus d'honneur à la Providence généreuse de Dieu, ils reconnaîtront mieux les plus beaux traits de l'humanité rachetée, lorsqu'ils auront substitué à une économie d'affamation et d'esclavage l'économie humaniste du Crédit Social.

C'est blasphémer Dieu, de dire que la Providence a fait erreur en mettant l'abondance sur la terre. C'est offenser le Christ, son Église et ses sacrements, de dire que le règlement des financiers est nécessaire pour sauver les hommes. C'est insulter la bonté divine, de laisser périr la nourriture en face de familles qui souffrent de la faim.

Le règlement du Crédit Social

On t'a dit que le Canada peut offrir l'abondance aux Canadiens. Eh bien, le règlement du Crédit Social, pour distribuer l'abondante production du Canada, différera complètement du règlement financier actuel.

Les droits à la production du pays seront abondants comme les produits du pays. Ces droits s'appellent argent. Eh bien, l'argent pour acheter les produits viendra en face des produits, aussi facilement et aussi abondant que les produits eux-mêmes.

Si l'argent est nécessaire aujourd'hui pour obtenir les produits, n'est-il pas logique de mettre l'argent en rapport avec les produits ? Et si chaque personne vivante a, de par son existence, un droit à une partie suffisante de produits de la terre, ne faut-il pas deviser un moyen de permettre à chaque personne vivante d'exercer ce droit ?

C'est pourquoi, sous le Crédit Social, l'argent va d'après les produits et va à tout le monde, à tous et à chacun sans exception.

Sous un régime créditiste, l'argent vient par un salaire lorsque les produits viennent par le travail ; et l'argent vient par un dividende lorsque les produits viennent par la science, par la machine, par le progrès. Comme la science, la machine et le progrès déplacent de plus en plus le travail, le dividende complète de plus en plus le salaire.

Le salaire va à ceux qui travaillent, parce que c'est la récompense du travail. Le dividende va à tout le monde, parce que c'est le fruit de la science et du progrès, qui sont un héritage commun. Le travail profite donc aux salariés, et le progrès profite à tout le monde, sous un régime de Crédit Social.

Ni crises ni guerres nécessaires

La crise dont t'a parlé la voix barbare, enfant, c'est justement l'absence de dividendes. La crise vient quand il y a accumulation des produits de la machine, et qu'il n'y a pas d'autre chose que le salaire des employés pour acheter ces produits.

Les dividendes à tous empêcheront les produits de s'accumuler dans les magasins. Lorsque les dividendes achèteront les produits, ceux qui travaillent s'emploieront à en faire d'autres pour remplacer les produits vendus, et il n'y aura plus de chômage forcé.

Les dividendes protègeront les salaires en complétant le pouvoir d'achat. Des salaires sans dividendes ne peuvent bien durer qu'en temps de guerre, parce qu'alors on détruit les produits à mesure qu'on les fait, et parce qu'on diminue le nombre de concurrents à l'emploi en les envoyant à la guerre.

Enfant, la voix barbare t'a dit que guerres et crises devaient se succéder en moins d'une génération. C'est vrai avec le régime actuel. Mais ce ne serait plus vrai avec un régime de Crédit Social.

Sous un régime créditiste, les crises seront impossibles, puisque l'argent pour acheter entrera toujours dans les maisons en rapport avec la production. Les guerres n'auront plus leur raison d'être, puisque les pays, ayant leur marché domestique bien financé, ne feront du commerce international qu'un heureux échange de surplus réels, au lieu d'en faire une lutte acharnée pour la conquête de marchés étrangers.

Salaires et dividendes

Le salaire se règle sur le travail et ne va qu'à ceux qui travaillent. C'est le cas de ton papa.

Le dividende se règle sur les produits et non sur le travail ; il est d'autant plus gros qu'il y a moins de travail salarié dans l'abondance de production. Et le dividende va à tout le monde, puisqu'il n'est pas lié à l'emploi.

Cela veut dire que ta maman, tes grandes et petites sœurs qui restent à la maison, recevraient chacune un dividende qui aiderait à mettre un peu plus de confort dans la maison. Cela veut dire que toi-même, enfant, dès en naissant, tu aurais fait venir un dividende de plus dans la famille. Cela veut dire que ton papa, qui travaille à l'usine, aurait deux revenus : un par son salaire, l'autre par son propre dividende.

Comme tu vois, enfant, c'est bien différent des parcimonieuses allocations de Mackenzie King, basées, non pas sur l'abondance, mais sur les taxes. Et le dividende n'est pas humiliant comme une allocation ; ce n'est pas une charité faite par les contribuables : c'est un droit, un droit de capitaliste. Tu es déjà capitaliste, enfant, parce que les générations précédentes t'ont laissé un capital : l'accumulation des découvertes, des inventions, la science augmentée de siècle en siècle. Et ce capital produisant beaucoup, un dividende est dû à ses propriétaires, donc à toi comme aux autres. Pour tout le pays, le total des deux sources de revenus, salaires et dividendes, serait toujours égal au total de la production offerte. Moins il y aurait de salaires dans le total, plus il s'y trouverait de dividendes.

Oh ! comme alors on saluerait avec joie la science et les machines ! Au lieu de créer un problème, elles aideraient à remplacer le travail astreignant par des loisirs, c'est-à-dire par des activités libres ; dans la même mesure, les salaires liés à l'emploi commandé seraient remplacés par des dividendes absolument libres.

Vie plus ensoleillée

Tout ce que t'a conté l'autre voix, sur la vie écolière, sur les conditions nécessaires pour poursuivre les études, sur la carrière des jeunes brisée par le chômage ou par des guerres - tout cela disparaîtra automatiquement sous un régime créditiste, puisque le Crédit Social rend financièrement possible tout ce qui est désiré et physiquement possible.

Demande à ton papa et à ta maman si la vie serait autrement ensoleillée par un dividende mensuel à tous les membres de la famille. Quel changement si, par exemple, il entrait dans la maison, chaque mois, $800 de dividende à ta maman, à ton papa, à chacun de tes frères et sœurs, à toi-même, en plus de ce que ton papa et ton grand frère gagnent actuellement !

Et ce n'est pas seulement la maisonnée qui s'en réjouirait. Mais les marchands, les industriels, les cultivateurs, les producteurs de toutes sortes, n'en seraient que plus contents de voir une bonne fois banni de leur tête le grand souci de savoir où ils pourront vendre leurs produits. Les acheteurs seraient tout autour d'eux, dans leur propre pays.

La dette nationale

Quant à la dette du pays, dont t'a parlé l'autre voix, c'est encore une affaire de régime. La dette publique, ce sont les dividendes refusés à tous et changés en servitude envers quelques-uns.

Les dividendes devaient venir avec le progrès. Or, c'est la dette qui est venue avec le progrès, parce que chaque développement et chaque progrès exigent plus d'argent pour écouler la grosse production, et parce que tout argent qui commence sous le régime actuel commence à l'état de dette, au lieu de commencer à l'état de dividende.

Le Crédit Social rechangera la dette nationale en dividendes nationaux, et distribuera ces dividendes à tout le monde, graduellement, à mesure que les produits seront là pour y répondre.

Une politique nouvelle

L'autre voix t'a dit que le régime barbare a été implanté par des têtes diaboliques, pendant que le peuple restait ignorant et ne bougeait que pour la politique de partis. Et c'est vrai.

Mais cela aussi va disparaître, enfant, parce que les mêmes patriotes qui veulent chasser l'économie barbare et la remplacer par le Crédit Social, ces mêmes patriotes cherchent à détruire l'esprit de parti politique, à renseigner et grouper les citoyens, à les unir au lieu de les diviser.

C'est ce qu'ils appellent Union des Citoyens, au lieu de partis politiques, information au lieu d'ignorance, vigilance au lieu d'apathie.

Tu peux donc sourire encore, enfant, et t'attendre à une vie moins dure, moins implacable, moins cruelle, que la vie décrite par la voix qui m'a précédé, vie dont tes parents ont tant souffert et dont ils souffrent encore. Tu peux t'attendre à mieux, et tes parents aussi, pourvu qu'eux, tes parents, aient la sagesse de regarder ces réalités bien en face, puis de tourner le dos à la politique de partis, partis anciens ou nouveaux, et de pratiquer la politique des Citoyens.

La politique de partis a laissé s'introduire et s'affermir le règlement barbare. La politique des Citoyens le remplacera par le règlement des dividendes à tous.

La politique de partis a permis et protégé l'économie de la rareté, flanquée d'un régime de servitude et d'enrégimentation. La politique des Citoyens établira l'économie d'abondance et fera s'épanouir un régime de paix et de liberté.

Voici ton papa et ton grand frère qui reviennent de l'ouvrage ; et voici ta maman qui les amène te voir. Enfant, je te quitte, mais je place dans tes petites mains, pour qu'ils le voient, qu'ils le prennent, qu'ils le lisent et qu'ils le comprennent, le petit journal VERS DEMAIN, qui continuera mon message dans ce foyer.

Louis Even

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