VERS DEMAIN est VOTRE journal, lecteurs, parce que c'est vous qui le payez, vous qui le faites vivre. À la vérité, il reçoit la collaboration gratuite de plusieurs personnes qui ne calculent ni leur temps ni leurs énergies pour améliorer le sort de la société. Mais il y a des dépenses nécessaires : imprimerie, frais de poste, correspondance, propagande, etc. Et c'est de vous que viennent tous les fonds. C'est donc bien VOTRE journal.
Parce que c'est vous qui le payez, non pas les trusts, non pas les annonceurs de boissons, non pas les agences communistes ; parce qu'il est indépendant de toutes les puissances occultes ou avouées, VERS DEMAIN est le journal de vos idées, le reflet de votre idéal, le diffuseur de l'économie nouvelle, de l'économie véritablement sociale, véritablement humaine.
VERS DEMAIN est VOTRE journal, parce que c'est vous qui l'édifiez. Vous le faites connaître, vous trouvez d'autres abonnés, vous le fortifiez sans cesse.
Et VERS DEMAIN vous servira dans la mesure des forces qu'il aura reçues de vous. Débile, il ne pourrait rien qu'attendre la mort ; vigoureux, grâce à vous, il combattra pour vous.
Car si VERS DEMAIN a besoin de vous, vous avez besoin de lui. Où est le journal qui ne dépend que de vous ? Où est le journal que ne lient les ordres de personne, ni de bailleurs de fonds ni de politiciens de parti ? Le journal libre même des règlements disciplinaires qui gouvernent les œuvres strictement sous la dépendance de la hiérarchie ecclésiastique ? Comme nous le soulignions dès le premier numéro, nous puisons nos principes aux sources catholiques, mais nous prenons librement position dans les techniques d'application. D'où une certaine audace, interdite à d'autres, et pourtant nécessaire pour la guerre que nous menons.
Nous savons la souffrance qu'impose à des lutteurs l'obligation de s'enfermer dans certaines limites, alors que leur sang bouillonne à la vue des désordres et des désastres sociaux. Tel ce prêtre qui nous écrivait : "Oh ! si j'étais un laïc, c'est tout le Nouveau-Brunswick que je soulèverais pour le Crédit Social !"
VERS DEMAIN ne veut accepter aucunes chaînes : ni celles de l'or, ni celles de la peur, ni celles de la marche au pas.
VERS DEMAIN ne connaît d'autres bornes que celles de ses ressources financières. Et ces bornes-là, il ne dépend que de vous de les reculer. VERS DEMAIN est VOTRE journal, son rayon d'action s'étendra aussi loin que vous voudrez.
Fulminer contre la presse de parti, contre la presse stipendiée, contre la presse empoisonneuse, c'est bien, mais c'est assez stérile. Bâtir une presse à soi, pour promouvoir, accélérer un mouvement dont on brûle de voir le succès, c'est infiniment plus pratique. Vous êtes les bâtisseurs, le rythme de la construction sera ce que vous le ferez.
Que chaque abonné en trouve un autre d'ici le prochain numéro — qu'on répète le geste à chaque édition, deux fois par mois — faites le calcul et jugez s'il est possible, moyennant un peu de sang rouge dans les artères, de monter une batterie qui fera la terreur des hommes de proie et de leur valetaille.
Commençons donc, tous, chacun de nous, chaque abonné de VERS DEMAIN, tout de suite, dès ce numéro-ci. Fixons-nous cet objectif dès aujourd'hui, dès ce soir. Ne laissons pas à d'autres de le faire pour nous, ils ne le feront pas. Les victoires ne s'obtiennent pas en rêvant, en soupirant, en attendant le voisin.
VOTRE journal compte sur vous, il veut être puissant pour placer une puissance à votre service. L'idéal, vous l'avez ; la réalisation, la voulez-vous ?
LOUIS EVEN