Il nous arrive d'entendre des nouvelles tout à fait surprenantes dans les médias d'information, et 1994 ne devrait pas faire exception à la règle. Pourquoi n'entendrions-nous pas un jour ce discours à la Chambre des Communes du Premier Ministre Jean Chrétien, s'adressant à la nation canadienne :
Chers collègues,
chers concitoyens canadiens,
En cette année 1994, l'avenir peut sembler menaçant pour beaucoup d'entre nous, avec raison. Il faut être réaliste : le pays compte actuellement plus d'un million et demi de chômeurs, le déficit budgétaire dépasse les 45 milliards $, les contribuables sont écrasés par le fardeau des taxes, leur pouvoir d'achat diminue d'année en année, et de plus en plus de Canadiens vivent sous le seuil de la pauvreté. La situation réclame une action énergique et immédiate du gouvernement. On ne peut attendre à plus tard, cela ne ferait qu'aggraver la situation des Canadiens plongés dans la crise qui, si nous ne réagissons pas, s'annonce pire que celle de 1929. Je sais que vous tous, Canadiens, êtes désireux de sortir de cette impasse économique.
Qu'est-ce qui ne va pas dans le pays, chers concitoyens : est-ce que les Canadiens manquent de nourriture ? de vêtements ? de matériaux ? Que manque-t-il, sinon l'argent, le permis d'acheter les produits ? Nous touchons là au point essentiel : le problème n'est pas un problème de produits, mais d'argent. La production se fait, mais les besoins ne sont pas comblés. Le système financier n'accomplit donc pas sa fin, car nous avons un surplus de produits en même temps que des gens qui se privent. Privation faute d'argent, pas faute de produits. Il est bien beau de parler du droit de tous au minimum vital, mais encore faut-il l'appliquer.
Chers concitoyens, le gouvernement canadien reconnaît aussi la faillite de sa politique de plein emploi. De plus en plus, dans notre société à technologie avancée, la machine prend la place de l'ouvrier. Que faire de tous ces gens, que feront-ils s'ils n'ont aucun revenu ? La distribution du pouvoir d'achat ne doit donc pas être liée seulement au salaire, mais doit dépendre d'une autre forme de revenu, que nous pouvons appeler dividende. Les chutes d'eau, le pétrole, les forêts, cela vous appartient, Canadiens ! Le progrès, les inventions, cela doit vous enrichir, Canadiens, pas vous endetter ! Pourquoi les Canadiens ne touchent-ils pas leur part des richesses de leur propre pays, qu'ils ont eux-mêmes contribué à bâtir ?
Cela dépend du système bancaire, de ces institutions privées qui créent de l'argent-dette sur le dos de la population. L'argent est un instrument social, son émission ne doit pas relever de simples particuliers, mais de l'Etat, gérant du bien commun. Le gouvernement canadien doit donc reprendre son droit d'émettre l'argent et le crédit. C'est là la volonté du peuple canadien, qui s'est manifestée très clairement depuis quelques mois. Nous ne pouvons plus continuer d'écraser la population par le fardeau des taxes, elle n'en peut plus.
Le gouvernement fédéral, qui a pleine juridiction en la matière, a donc décidé sans hésitation, et avec l'accord unanime de tous les députés de cette Chambre, de décréter l'établissement d'une banque nationale constituée pour le contrôle de l'émission de la monnaie selon les besoins publics, pour établir la circulation monétaire selon les besoins du peuple canadien.
La Chambre des Communes a aussi voté unanimement la loi d'urgence dite du dividende social, applicable à partir d'aujourd'hui. La production invendue, et la part de la production due au progrès représentent un mon-tant de 800 $ par mois à chaque citoyen du pays, enfant ou adulte. Voilà qui règlera le. problème des produits qui ne se vendent pas, du chômage sans salaires, le problème des jeunes sans avenir.
Nous avons dû attendre jusqu'à aujourd'hui pour cette réforme car les pressions du peuple n'étaient pas aussi fortes que celles des financiers. Le gouvernement, endetté ainsi envers les financiers, avait les mains liées. Mais aujourd'hui, le peuple est renseigné, un courant irrésistible circule à travers le pays sur la solution à donner.
L'acte que le gouvernement vient de poser aujourd'hui a demandé du courage de part et d'autre de cette Chambre. Je remercie tous les députés, qui ont su s'élever au-dessus des considérations partisanes pour exprimer de façon unanime la volonté expresse du peuple canadien. Nous nous attendons à une forte opposition des banquiers, mais n'ayez crainte, chers citoyens, le Parti Libéral restera fidèle à sa promesse de défendre les intérêts de tous les Canadiens. Vous avez clairement fait sentir votre volonté de changement, le gouvernement du Parti Libéral ne trahira pas la confiance que vous avez mise en lui. Cet acte de souveraineté accompli ce matin à la Chambre des Communes passera à l'histoire, puisque pour la première fois, un gouvernement se sera libéré de l'esclavage de la dictature bancaire.
Finis les rapports d'impôt, taxes, inspecteurs ! La Banque du Canada au service des Canadiens !
Liberté et sécurité, tels sont les bienfaits que cette loi du dividende apportera à tous les Canadiens. Merci, que Dieu nous vienne en aide.
* * *
Jean Chrétien n'a pas encore fait ce discours, mais il n'a pas d'autre choix : ou bien il applique la réforme du Crédit Social, ou bien il échouera comme les autres gouvernements avant lui, et la crise économique ne fera que s'empirer pour tous les Canadiens. Pour que ce discours de Jean Chrétien devienne réalité, il faut que tous les abonnés à Vers Demain s'efforcent de renseigner la population du pays, et de trouver de nouveaux abonnés à Vers Demain, afin de créer "un courant irrésistible" à travers le pays, de sorte que "les pressions du peuple soient plus fortes que celles des financiers."
Alain Pilote
P.S. : A ceux qui sont intéressés de savoir comment un gouvernement pourrait appliquer les principes du Crédit Social, nous suggérons fortement la lecture de la brochure de Louis Even, intitulée "Une finance saine et efficace", en vente aux bureaux de Vers Demain, au prix de 2 dollars l'exemplaire.