Questions et réponses - VD No. 3

le jeudi, 01 février 1940. Dans Questions et réponses

Lorsqu'un gouvernement prête à un autre pays, tel Hover prêtant à la Belgique après la guerre de 1914-1918, à quoi cela se résume-t-il  ? Quels bienfaits les habitants de ces deux pays en ont-ils retirés ? (Dame Ch. Thibault, Asbestos)

Un pays prête à un autre. C'est, en réalité, donner au pays débiteur des titres à la production du pays créditeur. Le débiteur, en remboursant, donnera en retour au pays créditeur des droits aux produits du pays débiteur. C'est équivalent à une vente à paiements différés. Mais les paiements se font en produits.

Cela ne veut pas dire que les échanges se fassent par troc ; mais la monnaie d'un pays n'ayant pas cours à l'étranger, ce sont de simples inscriptions de crédit qui se résolvent par des titres à la production.

C'est comme si les financiers américains disaient à la Belgique : "Nous faisons des arrangements, par écritures, pour que vous puissiez vous procurer (disons) cent millions de dollars de produits américains, ou de produits d'autres pays qui, eux, vont, en échange, avoir le titre à des produits américains. Le prêt étant (disons) à quatre pour cent, vingt ans, vous devrez, directement ou indirectement, exporter chaque année pour quatre millions de dollars de produits (ou l'équivalent d'un pays intermédiaire) qui atteindront le marché américain où ils seront vendus, les quatre millions de dollars américains nous revenant comme intérêt. Au bout de vingt ans, vous vous arrangerez pour exporter cent millions de produits qui subiront le même sort et nous rembourseront notre capital".

L'avantage immédiat pour la Belgique, c'est qu'elle obtient droit à cent millions de richesse dont elle a un pressant besoin. L'avantage pour les États-Unis, c'est qu'ils écoulent cent millions de surplus de production, permettant à leur production de continuer et évitant du chômage pour autant (drôle de résultat du désordre qui fait du travail une fin au lieu d'un moyen).

L'inconvénient pour la Belgique, c'est que les Belges devront, dans les vingt ans, fournir une production de 180 millions contre une production initiale de 100 millions. Mais en temps normal, ce n'est pas très grave dans un siècle où la production est le moindre des problèmes.

L'inconvénient pour les États-Unis, c'est qu'ils devront accepter chaque année quatre millions de production étrangère, et cent millions de plus au bout de la vingtième année, venant en concurrence avec leur propre production et amorçant un chômage pour 180 millions de dollars. De sorte que la vente de surplus à paiement différé se traduit en un chômage différé ou échelonné, mais en somme plus considérable.

Une solution serait l'effacement de la dette ; ce serait avantageux pour les deux peuples, surtout pour le peuple américain, mais une perte pour les prêteurs.

L'autre solution, évidemment, ce serait le Crédit Social ; mais en attendant on crée bêtement des problèmes impossibles en se soumettant à des conventions absurdes.

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Supposons que le peuple renonce à la folie des partis politiques et qu'un Parlement fédéral vienne à être composé en majorité d'indépendants, qui va être au pouvoir ?

C'est la majorité qui est au pouvoir. Donc, dans ce cas, les indépendants, ceux qui ne prennent leurs ordres que du peuple. Ce sera, pour la première fois, la démocratie.

Mais qui va être ministre ?

Le gouverneur-général choisit le premier-ministre et celui-ci forme un cabinet. Il faudra nécessairement que le gouverneur choisisse quelqu'un agréable à la majorité, donc une véritable valeur parmi les véritables députés du peuple. Pour se maintenir au pouvoir, le gouvernement devra s'appliquer, continuellement, à présenter des mesures qui soient absolument conformes à la volonté dominante de la nation. Il connaîtra cette volonté justement par des représentants qui, au lieu de consulter un parti, consultent leurs électeurs.

La difficulté n'est donc pas de gouverner démocratiquement avec un parlement d'indépendants, bien au contraire ; mais la difficulté est justement d'éclairer assez l'opinion pour obtenir un tel parlement véritablement démocratique.

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Quand paiera-t-on la dette publique sous le régime financier actuel  ?

Jamais. Toute monnaie entrant en circulation crée une dette plus grosse qu'elle. Il est donc impossible de rembourser la dette.

Les dettes publiques actuelles du Canada s'élèvent à sept milliards et demi. Sait-on ce que signifie ce chiffre ?

Si cette dette était venue au monde dans le Paradis Terrestre et qu'on eût commencé à l'acquitter en payant au Serpent (image assez fidèle du banquier) un salaire de vingt-cinq mille dollars ( $25,000) par semaine, on aurait à peu près fini, après six mille ans.

Diminuez la dette publique actuelle d'un million par an, il vous faudra 7,500 ans pour l'éteindre. Or on l'augmente de 100 millions par an !

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