Lettre d'un veillard pauvre

le dimanche, 01 septembre 1940. Dans Divers

Monsieur,

Je lis assidûment VERS DEMAIN, si bien agencé et toute substance, que je crois, comme organe de la doctrine créditiste, appelé à de grandes réalisations dans le domaine de notre vie sociale et politico-économique.

Puis-je vous en exprimer aussi ma joie, tout en vous faisant parvenir sous ce pli, mon obole, le prix de mon abonnement à votre journal. Trop humble cette obole ! Si je n'étais pas un vieillard pauvre, sans ressources aucune et perclus d'un membre, j'aurais au moins essayé de suivre le bel exemple d'autres qui m'ont devancé.

Pour sûr, ce ne sont pas des puissances d'argent que nous viendra le salut ; elles, qui étendent leur hégémonie opprimante sur le monde, qui asservissent à leur sceptre peuples et continents, imposant un état d'esclavage aussi inhumain que celui venu du fond des âges païens.

Quel stimulant que le grave, j'allais dire redoutable, avertissement de Pie XI, que vous connaissez déjà : "Telles sont actuellement les conditions de la vie économique et sociale qu'un nombre très considérable d'hommes y trouvent les plus grandes difficultés pour opérer l'œuvre, seule nécessaire, de leur salut éternel." Paroles que, pour ma part, je voudrais trouver partout écrites en places voyantes, à commencer par nos institutions éducationnelles, y compris nos salles paroissiales.

Au reste, l'œuvre de rénovation entreprise par la doctrine créditiste et son organe, qui en est une de justice, en est aussi une de "haute" charité qui humainement, domine toutes les autres œuvres charitables, ou, si près, parce qu'avec elle disparaîtrait nombre de nos misères, même spirituelles. En quoi, je m'autorise de la philosophie de saint Thomas qui dit qu'une juste forme du bien-être est nécessaire à l'accomplissement du salut des âmes. Et cette autre parole de Pie XI ne vient-elle pas à l'appui : "La prédication de la vertu n'a pas fait faire beaucoup de conquêtes au Christ : elle l'a conduit à la croix. C'est par la charité qu'il a gagné les âmes et les a entraînées à sa suite. Il n'y a pas d'autre moyen pour nous de les gagner."

À voir ce qui se passe et se dit dans mon entourage immédiat, je n'hésite pas à croire que d'ici peu de mois, votre journal comptera un nombre triplé de lecteurs.

Ce serait du coup l'aurore d'une ère de justice et d'équité ; une force avec laquelle il faudra déjà compter, que ne saurait suborner l'insidieuse puissance de l'or, non plus que le monde pervers des scribes et des pharisiens que le Christ a maudits.

Courage et succès.

Bien à vous,

F.B.

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