Le Crédit Social, écrivions-nous le mois dernier, propose, comme seconde méthode d'émission de nouvelle monnaie (outre l'escompte compensé), le DIVIDENDE NATIONAL, c'est-à-dire qu'il veut distribuer à tous les citoyens une partie de l'excédent de la production sur le pouvoir d'achat. La somme ainsi distribuée est répartie entre tous également, quel que soit leur âge ou leur condition, qu'ils travaillent ou ne travaillent pas. Ce n'est pas un secours direct, c'est de la monnaie nouvelle, qui n'est ôtée à personne.
Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de prouver qu'il existe un excédent de production sur le pouvoir d'achat, il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en convaincre. Si nous citons quelques exemples des immenses progrès réalisés récemment dans les méthodes de production, c'est pour bien placer le lecteur dans l'atmosphère où il doit se tenir pour étudier le Crédit Social. Il en est trop qui raisonnent comme si le monde en était encore à l'époque de la lutte contre la disette. Le tableau succinct de quelques actes stupides de sabotage démontrera que, malheureusement, ceux qui tiennent les rênes évoluent encore dans cette mentalité.
N'oublions pas, quand nous faisons l'inventaire du gaspillage de compter la production qui ne se fait pas, alors qu'elle est possible et qu'elle répondrait à des besoins non satisfaits. A ce titre, tout chômeur involontaire, toute machine arrêtée par suite du manque d'argent dans le public, représente un gaspillage. Il y a même là un véritable sabotage — sabotage de l'entraînement au travail, de l'habileté du travailleur immobilisé, sabotage des foyers, sabotage des espoirs de la jeunesse, sabotage du respect de la loi dans les esprits aigris non sans raison, sabotage peut-être de bien des valeurs intellectuelles et morales.
Nous nous sommes appliqués d'une façon spéciale à faire valoir le droit de tous au dividende national et à démontrer comment cette répartition, en favorisant tout le monde, ne nuit à personne.