Le Communisme au Canada - I

le jeudi, 01 août 1940. Dans Divers

À la Huitième Convention Nationale du Parti Communiste du Canada, 8-13 octobre 1937

Séance d'ouverture

Le rapport qui suit est reproduit du procès-verbal authentique du huitième Congrès National du Parti Communiste du Canada. Ce fut le dernier. Le neuvième, qui devait se tenir l'an dernier, a été contremandé à cause de la guerre.

Ouverture de la Convention le 8 octobre au soir, à la Mutual Street Arena, Toronto.

Huit heures et demie. L'Aréna est comble. La foule manifeste fortement. Près de 25,000 personnes s'entassent dans l'amphithéâtre.

Chaque province du Canada est représentée. Tous les délégués sont réunis dans une salle située à l'extrémité nord de l'Aréna.

Les délégués de chaque province se mettent en rang, deux par deux. Des pancartes annoncent à la foule à quelle province appartiennent les délégués qui défilent au pas et au son de l'Internationale. Chaque province fait son entrée dans le parterre aux applaudissements frénétiques de la foule.

La Province de Québec, surtout, est ovationnée avec enthousiasme. Toute la foule est debout, et salue, le poing fermé, les 63 délégués qui défilent au son de la Marseillaise, tandis qu'au fond c'est la Jeune Garde qui se chante. C'est véritablement le délire qui s'empare de la foule lorsque les délégués du Québec prennent leurs chaises dans le parterre. L'ovation dure au moins cinq bonnes minutes.

Le Présidium, conduit par Tim Bluck, Sam Car et les invités d'honneur Earl Browder, secrétaire-général du parti communiste des États-Unis ; Alfred Costes, député de Paris et délégué du parti communiste français, Stanley Ryerson, Évariste Dubé, Fred Rosé, Stewart Smith, etc., prennent leurs places sur l'estrade.

Quatre retours d'Espagne sont aussi sur l'estrade.

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Un monument élevé à la mémoire des soldats canadiens, membres du bataillon Mackenzie-Papineau, est dévoilé. Les noms suivants sont ceux qui, à date, ont donné leur vie pour l'Espagne Rouge.

Ces noms sont lus lentement, pendant que six jeunes filles déposent des gerbes de fleurs et que, lentement, on dévoile le monument funèbre. La foule est debout, écoutant silencieusement l'appellation de ceux qui ont accepté de mourir pour l'évangile communiste. Les délégués nationaux ainsi que le présidium, sont au garde-à-vous, le bras tendu, le poing fermé, rendant l'ultime hommage à leurs frères de combat.

(Suivent les noms de 44 Canadiens morts en Espagne pour le communisme ; parmi eux, trois noms canadiens-français : Ernest Gosselin, Montréal ; François Morin, Québec ; Alcide Bigras, Winnipeg.)

On lit ensuite une lettre d'Espagne, écrite en anglais par un groupe de soldats du bataillon Mackenzie-Papineau. Cette lettre est adressée à Tim Buck :

(Traduction)....,

                                            17 septembre 1937.

Tim Buck, Secrétaire-général Parti Communiste du Canada.

Nous, volontaires canadiens de la Brigade Internationale, combattant en Espagne pour la démocratie et la liberté, contre la réaction fasciste, nous adressons nos plus cordiales félicitations au Parti Communiste du Canada, à l'occasion de sa huitième Convention Nationale.

Nous avons la ferme confiance que les décisions et résolutions adoptées à ce congrès accentueront l'orientation et la direction du peuple canadien dans sa lutte contre l'entrée du fascisme.

Nous avons été en mesure, au cours des mois derniers de reconnaître le rôle éminent joué par le parti communiste d'Espagne pour diriger le peuple espagnol dans sa lutte à mort contre le fascisme international.

C'est pourquoi, au nom du bataillon Mackenzie-Papineau et de tous les Canadiens en Espagne, nous travailleurs canadiens, tant les membres que les non-membres du parti, nous saluons le Parti Communiste du Canada et nous étendons vers vous le poing fermé de la solidarité et de l'unité.

                                Camarades, saluts et félicitations.

(Suivent 21 signatures, représentant à peu près toutes les provinces canadiennes, même la nôtre.

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Cette assemblée d'ouverture de la Convention Nationale est marquée par l'arrivée surprise d'Angelo Herndon, nègre, chef de la Jeunesse nègre américaine. Herndon avait été sentencié à vie sous une vieille loi de l'esclavage. Les protestations des masses ouvrières du nord des États-Unis lui permirent de recouvrer sa liberté.

Un télégramme envoyé par le Parti communiste anglais, signé par Harry Politt, est lu à l'assemblée.

L'assemblée adopte à l'unanimité une résolution demandant d'adresser des télégrammes de félicitations : à Joseph Staline, chef du Parti communiste de l'U. R. S. S. ; à George Dimitrov, secrétaire de l'internationale Communiste ; à Dolores Ibarruri, chef héroïque du peuple espagnol.

Puis, Alfred Costes, Earl Browder et Tim Buck prennent tour à tour la parole. L'assemblée se déroule comme suit :

1. Président — L'échevin Stewart Smith. Ouverture de la Convention en présentant la bienvenue aux délégués de la part du Comité Provincial et de la Ville de Toronto.

2. Internationale et une marche.

3. Hommage aux volontaires canadiens morts en faveur de l'Espagne Rouge.

4. Discours du représentant du Parti communiste des États-Unis.

5. Fanfare.

6. Discours du représentant du Parti communiste français.

7. La Marseillaise.

8. Parade de sport.

9. Lecture des remerciements.

10. Collection de fonds.

11. Fanfare.

12. Rapport de Tim Buck, secrétaire-général.

13. Avis.

14. Fanfare. Clôture. L'Internationale.

AGENT SECRET No 17.

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Tel est le début d'un rapport de 300 pages doctylographiées, que les communistes n'ont jamais livré au public. Le rapport expose les méthodes recommandées pour l'expansion et la consolidation du mouvement. Il étudie les différents groupes ethniques du Canada et décrit en détail où en est le mouvement au sein de chacun. Toutes choses, et d'autres, dont nous comptons pouvoir entretenir nos lecteurs au cours des prochains articles.

Le simple préambule qui précède nous apprend que :

Les communistes ont tenu à date huit congrès nationaux ;

Loin d'inspirer de l'horreur à la ville de Toronto, ils y trouvent une foule de 25,000 pour les applaudir ;

Ils reçoivent la bienvenue d'un représentant de la ville ;

Ils ont une organisation parfaite dans toutes les provinces ;

Ils se réjouissent particulièrement de leurs progrès dans la province de Québec ;

Ils sont assez attachés à leur idéal pour lui sacrifier leur vie sur un sol étranger.

Ce n'est pas précisément un mouvement dans ses langes.

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