L'escompte compensé - Mai 1938

le dimanche, 01 mai 1938. Dans Mai

Connaissez-vous la taxe de vente ? Vous achetez un produit qui coûte $1.00, on vous le fera payer deux sous ou huit sous de plus, selon que la taxe est de 2 pour cent ou de 8 pour cent. Vous pouvez vous plaindre que le pouvoir d'achat est déjà inférieur au prix, que les acheteurs n'ont déjà pas tout l'argent voulu pour payer tous les produits de l'agriculture et de l'industrie. N'importe, on vous fait payer encore plus que le prix, et ce surplus est pour satisfaire les maîtres du système. C'est l'envers du bon sens.

Le Crédit Social, qui aime mieux la logique que la bêtise, même si celle-ci a déjà de l'âge, décide que si les prix des produits dépassent la capacité d'achat de ceux pour qui les produits sont faits, on doit abaisser tous les prix en accordant un escompte général de dix, quinze ou vingt pour cent, selon les faits.

L'escompte du Crédit Social est le contraire d'une taxe de vente. Vous achetez un article de $1.00 et vous ne le payez que 85 sous, parce qu'il y a un escompte de 15 pour cent. De cette façon, s'il y avait en tout 1000 millions de valeur de produits offerts aux Canadiens, et que les Canadiens qui veulent ces produits n'ont que 850 millions pour les payer, ils vont tout de même les obtenir tous.

Le but de cette production sera atteint, parce qu'elle ira chez les consommateurs.

Mais, direz-vous, le marchand qui vend pour 85 sous un objet marqué $1.00 va perdre et préparer sa banqueroute. Pas du tout, parce qu'il sera compensé pour cet escompte. Aujourd'hui, le marchand à qui vous payez une taxe de vente ne gagne rien de plus par cette taxe, parce qu'il la remet au gouvernement. Il s'expose plutôt à voir baisser ses profits, parce que ce qu'il collecte en taxe ne peut être affecté à l'achat de ses marchandises. Sous le Crédit Social, l'escompte n'appauvrit pas le marchand, parce que ce qu'il accorde en escompte lui est remis par le Trésor National qui décrète cet escompte. Il verra au contraire augmenter son commerce et ses profits, parce qu'il vendra davantage.

À qui fera mal cet escompte compensé ? À ceux qui veulent voir le peuple rester pauvre devant une abondance de produits.

À qui cet escompte fera-t-il du bien ? À ceux qui achètent, à ceux donc qui ont des besoins ; à ceux aussi qui vendent et à ceux qui produisent la richesse.

Où le Trésor prendra-t-il l'argent pour financer l'escompte ? À la même place que le dividende. Il fera cette monnaie pour le bien du consommateur, exactement comme le banquier fait aujourd'hui la monnaie pour nous enchaîner par des dettes.

Mais il y a des gens qui ont étudié et qui disent que c'est de l'inflation. -- Ces gens vous font peur avec des mots. Ce sont les banquiers qui créent l'inflation et la déflation aujourd'hui, en mettant la monnaie au monde et en la tuant. La monnaie-dette qu'ils engendrent place sur le dos des gouvernements, du commerce et de l'industrie des charges qui gonflent les prix : c'est ça de l'inflation.

Il y a inflation quand la monnaie est faite mal à propos, ou de la mauvaise manière, et que les prix montent parce qu'il y a plus de monnaie en face des produits que de produits en face de la monnaie. Par l'escompte compensé, le Crédit Social abaisse les prix ; c'est le contraire de l'inflation. Il n'émet la monnaie que quand il y a des produits en face de consommateurs qui veulent ces produits faits pour eux ; il ne place pas d'argent en face de rien, ni en face de production attendue dans six mois. Cette monnaie ne s'accumule pas en face des produits, puisqu'elle passe du côté de la production en venant au monde.

De plus, le commerce activé fera produire et écouler des produits en plus grand nombre. La production en volume abaisse le prix de revient, surtout quand on a supprimé les charges des dettes créées de toute pièce. Les ventes en grand nombre permettent au marchand d'abaisser son prix marqué. Voilà qui va exactement en sens inverse de l'inflation.

La monnaie de l'escompte compensé est une monnaie qui remplit son vrai rôle de monnaie. Elle est faite pour l'acheteur, non pour le spéculateur ou le vautour. Il n'y a pas d'escompte s'il n'y a pas de vente ; par conséquent, pas de création de monnaie par ce mécanisme à moins qu'un consommateur achète un produit. L'existence de l'escompte est conditionnée par l'accomplissement d'une vente. Connaissez-vous monnaie plus efficace ?

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