Grand Succès du Ralliement Créditiste

le mercredi, 01 décembre 1937. Dans Cahiers du Crédit Social

Plus de deux cents délégués venus de toutes les parties de la province de Québec ont assisté au ralliement créditiste tenu à la salle Strathcona, 772 rue Sherbrooke ouest, Montréal, le samedi et dimanche 20 et 21 novembre 1937.

À en juger par l'enthousiasme qui s'est maintenu durant les quatre séances tenues au cours de ce ralliement, on peut s'attendre sous peu à de magnifiques résultats.

La Ligue du Crédit Social a le droit d'être fière de son président actuel, Me Louis Dugal, avocat de Québec. M. Dugal présida les différentes assemblées avec sa maîtrise ordinaire, à la satisfaction de tous les délégués.

La première séance, celle de samedi après-midi, ouverte à trois heures, fut surtout consacrée à un échange de souhaits de la part des différents délégués. Nombre d'entre eux se rencontraient pour la première fois. Tous furent présentés officiellement, après quoi le président souhaita la bienvenue et exprima sa joie de voir un aussi grand nombre de délégués répondre à l'appel. Nous tenons à signaler que plusieurs dames assistèrent à ces réunions, non pas pour le simple décor, mais parce qu'elles s'intéressent vivement au mouvement du Crédit Social : augure de succès, car "ce que femme veut, Dieu veut”.

La séance se leva à six heures pour être reprise, à huit heures le soir. À la séance du soir M. Louis Even, l'organisateur général et le "papa" du Crédit Social dans la province de Québec, fit une revue détaillée des résultats remarquables obtenus dans la province, si l'on compare la situation d'il y a un an avec celle d'aujourd'hui. Il félicita Québec de son magnifique travail et de son support dès les débuts ; Hull de ses différentes innovations et de l'excellente façon dont ce territoire est organisé sous l'impulsion dynamique de l'énergique monsieur Armand Turpin, chef de cette région ; Montréal de ses récentes initiatives : première section féminine ; premier groupe anglais ; première école normale pour les créditistes qui veulent s'entraîner à parler en public. Il eut un bon mot pour les divers centres où s'affirme le mouvement : Sherbrooke, Shawinigan-les-Chutes, St-Hyacinthe, Drummondville, Chicoutimi, Asbestos, Gatineau, etc. sans oublier les centres canadiens-français extra-provinciaux : St-Boniface (Manitoba), Plantagenet (Ontario), Grand Falls (Nouveau-Brunswick). Il insista pour que tous ceux présents disent à leurs membres respectifs de sortir à tout prix de la période d'inertie qui a pu en retarder quelques-uns dans le passé et d'adopter comme devise pour le futur : ACTION ! ACTION !

Une grande surprise attendait les délégués à la séance du dimanche matin... le plus surpris de tous fut le président du district de Montréal qui avait bien promis une surprise à tous, mais pour le dimanche après-midi seulement ; il fut donc "surpris par sa propre surprise". C'est avec des applaudissements frénétiques et prolongés que l'assistance accueillit l'honorable Lucien Maynard, Ministre des Affaires Municipales dans le gouvernement albertain. Monsieur Maynard nous intéressa pendant plus de deux heures, exposant et expliquant les événements qui se déroulent dans la province où le peuple et la tyrannie financière sont aux prises. Il répondit aimablement aux multiples questions posées par un auditoire anxieux de connaître la vérité sur la situation de l'Alberta et de l'apprendre d'un bouche autorisée, non plus telle que déformée par la plupart des grands journaux.

À la séance du dimanche après-midi, Monsieur Armand Turpin de Hull, avec son verbe entraînant et sa conviction profonde, fit un appel chaleureux au sacrifice et démontra la nécessité vitale de l'augmentation du corps de Clairons et du soutien du Syndicat Financier pour le succès de la cause humaine, sociale et sacrée que nous avons prise en main. Le mouvement créditiste doit progresser et progresser vite. Il le fera au rythme de nos activités et de nos sacrifices. C'est un devoir pour tout créditiste de mettre de côté, pour l'œuvre, chaque mois, une fraction, si petite soit-elle, de son revenu. Le temps presse, nous n'avons pas le droit d'hésiter.

À cette même séance, le président du district de Montréal tint à remercier publiquement tous les créditistes, surtout ceux de Montréal et plus particulièrement les membres de l'exécutif du district, de Montréal, de l'aide précieuse accordée à son organisation ; il remercia spécialement monsieur Even, à qui est due une grande part du succès, ainsi que messieurs Dugal et Turpin qui n'ont jamais refusé leur concours lorsque le besoin s'en est fait sentir ; en vrais créditistes, ils n'ont jamais hésité pour venir donner "un coup de mains" aux créditistes montréalais dont le champ est si vaste et paraissait si ingrat au début.

Plusieurs résolutions furent adoptées pour résumer les décisions prises et cristalliser les orientations. L'assemblée décida aussi l'envoi des télégrammes suivants :

Télégramme à monsieur Duplessis, Premier-Ministre de la Province de Québec, au sujet du plan d'assurance-chômage proposée par l'hon. M. King, lui exprimant que les créditistes y voient une atteinte à l'autonomie provinciale sans aucune mesure pour supprimer la misère du chômage. Protestation à l'hon. M. King, Premier Ministre du Canada, au sujet de la Commission Rowell qui, selon les créditistes, est très mal représentée. Il fut suggéré, à l'unanimité, que tous les partis, y inclus celui du Crédit Social, soient représentés dans cette commission. Télégramme de protestation près du ministre de la justice, monsieur Lapointe, contre les remarques déplacées faites par un fonctionnaire de la justice, le juge Ives, lors de la condamnation de M. Powell, représentant du Major Douglas en Alberta.

Deux télégrammes de félicitations : l'un à monsieur Aberhart, premier-ministre albertain, l'autre à monsieur L. D. Byrne, président de la Commission du Crédit Social en Alberta. Aussi un câblogramme d'appréciation au Major Douglas, de Londres (Angleterre).

RODOLPHE J. ZANETTIN

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