Voici le cinquième numéro de nos Cahiers du Crédit Social. Ceux qui ont suivi cette série depuis le début ont acquis déjà une idée substantielle des propositions du Crédit Social et commencent à envisager les heureux effets que produirait dans tous les domaines de l'économie l'adoption de ce système monétaire. Non pas que nous soyons entrés bien avant encore dans ces considérations et nous espérons pouvoir aborder prochainement l'étude du Crédit Social par rapport à la dette publique, aux impôts, au commerce extérieur, au transport, au développement des richesses naturelles, etc. Mais déjà, avec une mentalité Crédit Social, qui tient la monnaie pour ce qu'elle devait être et non pour ce qu'elle est, l'étudiant situe ces questions sur de nouvelles assises et les examine sous un nouvel objectif.
Nous sommes heureux de publier dans ce numéro une étude du Dr Eugène Fortin sur la théorie quantitative de la monnaie. On sait que le Crédit Social établit sa structure sur la théorie quantitative de la monnaie ; il y croit, mais à condition qu'on élimine les facteurs qui troublent l'équilibre. Le Dr Fortin expose ces facteurs et insiste sur la distinction entre cause et effet. Il traite avec une maîtrise particulièrement remarquable du fameux facteur confiance.
On n'a pas été sans remarquer une recrudescence d'attaques contre le Crédit Social dans une bonne partie de la grande presse et dans certaines revues depuis quelque temps. Les journaux exploitent surtout la question albertaine, se réjouissent des difficultés que rencontre Aberhart et tirent conclusion. La lettre d'Armand Turpin à Paul Bouchard fait le point. Le petit tableau qu'elle donne, page 155, est aussi très éloquent, et l'on sait que ces jours-ci même la répartition de nouveaux crédits à des provinces de l'Ouest par le ministre des Finances revêt un caractère discriminatoire et vindicatif vis-à-vis de l'Alberta. Quand bien même la finance liguée réussirait à empêcher en Alberta l'établissement d'un plan de vrai Crédit Social, ou le saboterait, cela ne prouverait rien contre la doctrine créditiste, mais démontrerait simplement la force du monopole privé du Crédit. L'incendie des moissons des Philistins par les renards de Samson priva une nation de ses récoltes, mais est-ce-à-dire que le blé soit une mauvaise herbe ?
Partout dans la province, se lèvent de nouveaux adhérents du Crédit Social, dans toutes les classes de la Société, et c'est, chez tous, le fruit de l'étude. Peut-on en dire autant de ceux qui critiquent ?
Nous demeurons toujours au service de nos lecteurs pour toute demande d'éclaircissement sur les points traités dans ces cahiers. Ceux qui désirent une réponse personnelle feraient bien d'accompagner leurs questions d'un timbre de trois sous et ne devront pas se décourager si la réponse se fait attendre. Le rédacteur des Cahiers est très occupé ; après avoir travaillé toute la journée pour gagner son pain et celui de sa famille, il faut bien qu'il consacre ses soirées d'abord à la rédaction des Cahiers et à des activités créditistes d'intérêt général. Il ne prétend pas, en s'exprimant ainsi, s'attribuer le monopole des journées bien remplies. Tous les militants du Crédit Social sont dans le même cas. L'avance du mouvement est liée aux sacrifices et au dévouement de ses apôtres où qu'ils soient, dans les grandes villes tout aussi bien qu'en Abitibi, au Saguenay, sur les rives de la Gatineau ou du Saint-Maurice, dans les Cantons de l'Est, en Beauce ou dans la péninsule gaspésienne.