La tournée créditiste dans les campagnes se continue à la même allure, quoique pas toujours avec le même succès. L'Abitibi n'a pas encore été égalé.
La série d'assemblées confiée aux amis d'Asbestos dut être montée par Mme Charles Thibault, par suite de circonstances qui sentent pas mal la main de la dictature patronale, — cette loi qui pèse sur un grand nombre : Si tu veux garder ton gagne-pain, tais-toi et bénis le régime qui tue. L'entrave ainsi posée à des moyens d'action déjà trop limités a naturellement nui à la propagande dans la région. Sauf à Asbestos même et à Tingwick, les réunions furent plutôt faibles. Ce qui n'enlève rien au mérite de l'organisatrice. Le dernier mot n'est pas dit, non plus, par les hommes d'Asbestos qui formèrent, il y a un an, le premier groupe important d'abonnés à Vers Demain.
À Plessisville, l'organisation faite par M. Ernest Dutil, à l'aide d'amis sincères, fut un succès. Résultats immédiats et intéressants et bonne fondation pour des développements prochains.
Nous dirons la même chose des assemblées organisées dans une autre partie du même comté de Mégantic par M. J.-A. Beaudoin. Successivement, St-Pierre de Broughton, Saint-Cœur-de-Marie, Robertsonville, et surtout Lac Noir et Thetford répondirent au dévouement des organisateurs. Le pays de l'amiante est maintenant bien entamé par la philosophie créditiste.
Si les épreuves ont leur rôle à jouer dans le dévouement de tout mouvement sain, le comté de Rimouski aura fait plus que sa part sous cet aspect peu recherché. On manquait d'organisateurs locaux et le travail ressembla plus à du défrichement qu'à de la moisson. Quelques dévouements personnels ont cependant frisé l'héroïsme, surtout en face de si peu d'encouragement. Nous mentionnerons particulièrement M. Louis Rioux et M. Boucher, de Bic. Cette paroisse et celle de St-François-Xavier des Hauteurs ont facilement tenu la tête au point de vue résultats. Des contacts nouveaux et des recrues à l'Institut permettent d'augurer mieux pour l'avenir dans cette région du Bas Saint-Laurent.
En revenant de Rimouski, le directeur de l'Institut trouvait une salle archicomble à St-Michel de Bellechasse. C'est le travail d'un créditiste actif et débrouillard, M. Emmanuel Garon. L'auditoire comprenait des gens des paroisses voisines. M. J.-Ernest Grégoire, de Québec, avait répondu à l'invitation et sut intéresser le public à des questions économiques jusqu'à une heure très avancée de la veillée.
Le Crédit Social fait, depuis un an, des progrès considérables dans le bas du comté de Belle-chasse. St-Magloire, dans le haut du comté, eut son tour le lendemain. Là encore, de braves cultivateurs qui, hier, n'auraient jamais songé à s'occuper d'économie politique, ont suivi avec intelligence une conférence de deux heures, prolongée par une heure d'échange de questions et d'explications. Ce sont les créditistes de St-Gervais qui rayonnent sur le haut du comté.
Ce rapport est rédigé de Ste-Claire de Dorchester, où le directeur vient d'arriver pour tenir deux assemblées dans le comté, d'où il partira pour passer six jours dans la Beauce avant d'aller dans Lotbinière.
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Si ces tournées ont l'avantage d'éveiller ou d'activer des énergies, c'est surtout sur le travail des membres de l'Institut que l'on doit compter pour l'expansion du mouvement.
Nos membres ne doivent négliger aucune occasion ni aucun moyen à leur portée pour amener leurs concitoyens au Crédit Social. Qu'on se serve largement du Syllabaire pour les premières approches. Tout le monde devrait avoir ce petit syllabaire à cinq sous : son étude donne une bonne vue d'ensemble sur le Crédit Social et permet de mieux comprendre les articles de Vers Demain, qui développent généralement des points particuliers.
En vendant des Syllabaires autour de lui, le membre de l'I. A. P. féconde le terrain où il désire ensuite présenter le journal Vers Demain.
L'Institut prend de l'ampleur. Nous allons le consolider cet hiver. Nous comptons aussi, au cours des mois d'hiver, former, dans divers centres, des conférenciers qui, l'été prochain, rayonneront chaque dimanche dans les paroisses de leur district.
Avec l'exécution d'autres projets encore, si les conditions ne changent pas anormalement, nous pouvons espérer des progrès considérables. Mais tout cela ne se fera que si nos créditistes convaincus, les lecteurs de Vers Demain, les membres de l'Institut surtout, forment leur personnalité par l'étude et par l'action.