Dr Jos.-Élie BÉLANGER, B.A., M.D., L.C.M.C.
Parmi les méthodes qui paraissent avoir un mérite spécial dans le traitement médical du cancer, il convient de mentionner les essais d'organothérapie par le professeur J. Maisin, de l'Université de Louvain. Voici quelques extraits de la conclusion d'un rapport sur le Travail de l'Institut du Cancer, Université de Louvain. Directeur professeur : J. Maisin, cité dans la Tribune Médicale de novembre 1931 :
"Les auteurs se contentent d'affirmer comme conclusion que cette technique organothérapique leur a donné des résultats nettement supérieurs à ceux obtenus par n'importe quelle méthode autre que la chirurgie et la radiothérapie. L'action est manifeste, s'avère dès la troisième semaine, et se concrète par une amélioration de l'état général, une diminution des douleurs et une régression du néoplasme...
... Les substances actives sont extraites à l'abri de l'air par l'éther, ce dernier étant ensuite évaporé jusqu'à dessication. Il faut répéter l'extraction plusieurs fois, la dernière extraction pouvant se faire au chloroforme, et la température, au cours de ces manipulations, ne devra jamais dépasser 37° C. Il se peut qu'il s'agisse de phosphatides d'un type particulier se trouvant dans les organes d'animaux jeunes."...
"On semble se trouver en présence d'une affection de même ordre que l'anémie pernicieuse de Biermer qui, elle aussi, peut guérir par une organothérapie appropriée, et qui paraît due à une déficience stomacale."
Cette expression : déficience stomacale, rappelle singulièrement les déficiences causées par l'absence ou la carence de vitamines. En outre, le mode de préparation de l'extrait est exactement semblable aux procédés usités pour préparer des concentrés de vitamines, et l'on sait qu'il s'en trouve toujours dans les organes d'animaux jeunes.
D'ailleurs le traitement par les vitamines et le traitement par les organes ou extraits d'organes se complètent l'un l'autre, comme le prouvent les remarquables travaux et les observations cliniques du Dr Amaury Morissette, de Hull, ainsi que les citations suivantes :
"Vitaminologie plus endocrinologie, voilà la base scientifique longtemps cherchée en thérapeutique."
"Nous savons maintenant que les organes malades ou affaiblis le sont devenus à cause du défaut complet (starvation) de vitamines pour les nourrir, et qu'ils ne peuvent remplir leur fonction propre si on ne leur fournit un apport suffisant de vitamines." (Vitamin News, octobre 1933.)
Pour faire réussir pleinement ces essais d'organothérapie, il aurait fallu leur adjoindre des doses de vitamines. Voici ce que je trouve quelques mois plus tard dans la Tribune Médicale de janvier 1932 :
"Cette guérison se fait toujours très lentement. Elle demande deux mois pour un petit cancer de 2 x 2 cm. en moyenne. J. Maisin et H. Vassiliadis ont essayé de découvrir les causes pour lesquelles le plus grand nombre des malades, après un certain temps, ne paraissent plus répondre aussi favorablement au traitement qu'au début. Ils ont d'abord songé à la qualité et à la quantité des extraits, mais les expériences de contrôle semblent indiquer que d'autres causes interviennent."
À mon sens, il s'agit des vitamines, au lieu de "phosphatides d'un type particulier", car l'on sait qu'un traitement aux vitamines ne peut se faire longtemps avec avantage sans fournir toute la série ou à peu près.
(Reproduction interdite)