D'un grand journal de Montréal, en éditorial :
"C'est l'exportation qui permet de soutenir l'activité de l'agriculture, de l'industrie et du commerce de chez nous. La population du Canada n'est pas encore assez forte pour constituer un marché capable d'absorber notre entière production. Il nous faut donc aller au dehors solliciter le patronage de clientèles étrangères et, après l'avoir obtenu, viser à le conserver. Car nous avons de puissants rivaux qui n'épargnent rien, sachons-le, pour ouvrir des débouchés aux produits des pays qu'ils représentent."
Heureuses Canadiennes ! Vos maisons sont saturées de richesses ; vous n'êtes pas capables d'absorber ce que les cultivateurs et les industriels vous offrent. Et si le Canada n'a pas le privilège de nourrir des pays étrangers, vos enfants vont chômer et perdre ce qui leur reste de capacité d'absorption des produits canadiens. Les autres pays, non plus, ne sont pas capables d'absorber leur propre production, puisqu'ils sont pour nous de puissants rivaux en quête des marchés extra-territoriaux. L'univers entier est incapable d'absorber ce que l'univers peut produire; il faudra donc que l'univers chôme, à moins qu'il trouve moyen d'exporter vers une autre planète, ou, ce qui est un peu plus conforme à l'histoire moderne, à moins qu'il trouve moyen de susciter des guerres pour détruire le capital humain dont il ne sait que faire.
Salut, journaliste momifié !
* * *
D'un président de banque "siré", Charles Gordon :
"La situation générale du Canada est encourageante (Morbleu ! quelle révélation !).
"Grosse production de blé (il faudra emprunter aux banques pour supplémenter le prix trop bas). Nos pêcheries commerciales ont fourni un gros rendement ; malheureusement le marché du poisson est quelque peu déprimé (Pourquoi ? Le poisson est-il mauvais ou l'argent manque-t-il ?)
"Un facteur important pour raviver la vie économique canadienne, ce sont les commandes de munitions de guerre pour l'Angleterre."
Ça, c'est le clou ! Depuis huit ans, du pain, des vêtements, des chaussures attendent nos ouvriers de Montréal et de Toronto ; ils n'avaient pas le droit d'y toucher, au grand désespoir des agriculteurs et des industriels.
Mais voici qu'ils vont fabriquer des mitrailleuses et des avions militaires; à cette condition, ils auront le droit de s'approvisionner de l'abondance qui les attend, et de s'approvisionner dans la mesure où ils fabriqueront des outils pour la destruction de la production et des producteurs. Belle invention que la guerre et les armements ! Le meilleur soulagement à la misère des chômeurs ! Ça prend un profiteur de guerre pour nous le rappeler."
Salut, banquier momifié !
Un grand professeur d'économie, John-Maynard Keynes, de Cambridge, suggère aux autorités anglaises de construire un vaste entrepôt pour emmagasiner le blé canadien, le sucre des Antilles, le jute indien, la laine australienne, les huiles végétales africaines, des métaux de partout, etc., pour une valeur d'au moins deux milliards. et demi. Cet entreposage aura pour effet, dit-il, non seulement de fortifier la défense nationale, mais aussi d'aider le marché mondial.
Si l'on trouve moyen d'immobiliser dans des entrepôts de ce genre la vaste richesse qui dépasse le pouvoir d'achat du monde contrôlé par les faiseurs et destructeurs d'argent, on aura la possibilité de continuer de produire. Que les entrepôts débordent, il faudra se résigner à la privation en face de la surabondance. Remarquons que, là encore, la planche de salut est dans les préparatifs de guerre.
Salut, économiste momifié !
* * *
De M. Édouard Le Doret, dans "Le Jour", sous le titre "Magie Blanche", signifiant pour lui "Crédit Social” ─ Les entre-parenthèses sont de nous :
"Les autorités religieuses savent fort bien que la crise actuelle dans la province de Québec est plutôt d'ordre moral que d'ordre économique (et dans les autres pays ?), et elles ont raison de vouloir décourager (depuis quand ?) des mouvements qui visent à des changements trop révolutionnaires dans un système social qui, lorsque tout est dit, nous a apporté plus de progrès et de bénéfices que de déboires (Sait-il ce qu'il dit ?).
"L'origine de la plupart de nos malaises se trouve dans notre oubli des anciennes vertus de frugalité et de prudence. Il ne faut pas oublier que, depuis quarante ans, la province de Québec subit un développement industriel et commercial étonnant (Est-ce pour cela qu'il faut se priver ?).
"On s'est vu tout à coup doué d'un rouage des plus modernes (quel fléau, n'est-ce pas ?), et l'on a voulu faire face à cette évolution soudaine en écartant trop subitement les vieilles traditions de sobriété et de modestie qui s'étaient développées en nous pendant des siècles (de rareté).
"On a vu naître et s'accroître chez nos gouvernants l'habitude de dépenser les deniers publics sans se rendre compte si leurs commettants pourraient supporter la charge des dettes (Pourquoi des dettes et envers qui ?) et des budgets gonflés (Préférez-vous le chômage des fonctionnaires ?). On a vu s'établir des commissions, des offices, des départements dispendieux, surchargés de personnel (puisqu'on a trop de monde, est-ce un mal de l'employer ?)...
"Vous et moi, à chaque fois que nous demandons un service additionnel, soit de l'hôtel-de-ville, soit du gouvernement provincial, soit d'Ottawa, nous contribuons à aggraver la disproportion entre nos dépenses et nos moyens publics (Définissez moyens publics : moyens de fournir biens et services, ou moyens de payer ? Les premiers dépendent des disponibilités en hommes, machines et matériaux ; les seconds, des entrées comptables que permettent Rothschild Brothers, Lazare et Frères, etc. Lesquels vous intéressent ?)
“Quand nous aurons constaté que notre seul salut se trouve dans l'assainissement (définissez, s'il vous plaît) de nos finances publiques (sujettes aux permissions des financiers de Londres, de Paris ou de New York), plutôt que dans des théories malhonnêtes (prouvez, s.v.p.) qui visent ni plus ni moins qu'à la répudiation de nos dettes (dans votre esprit) en imprimant du papier qui ne vaut rien (parce que ce ne sont pas les profiteurs qui l'imprimeront !), nous pourrons alors forcer nos gouvernants à chercher leur salut en se rendant à une opinion publique devenue frugale, honnête et prévoyante (Une gageure : que tout le monde épargne la moitié de son revenu, parions qu'on va se plaindre d'une augmentation de chômage !)..."
Salut, sacristain d'occasion momifié !