Dire que 1939 est chose du passé, que nous franchissons le seuil d'une année nouvelle, serait simple banalité. Ce serait exprimer une de ces vérités de la première espèce, d'après le classement fait par notre collaboratrice dans le numéro du 15 décembre : "des faits, des vérités qui passent avec le temps et qui, par conséquent, n'ont de valeur pour nous que si elles nous permettent de tirer des conclusions".
Faisons donc un peu de méditation.
1939, ce furent 365 jours à notre disposition pour travailler à l'avènement du royaume de Dieu. Ce furent 365 jours pour contribuer à l'édification d'un ordre social temporel dans lequel l'homme puisse normalement tendre vers le Royaume et cette dernière considération est particulièrement appropriée à la tournure d'esprit que ce journal cherche à développer.
Ce furent 365 jours pour écrire l'histoire du monde. L'histoire s'écrit tous les jours ; et nous ne doutons pas qu'elle conduise l'humanité vers sa destinée, même à travers le chaos des rébellions humaines, même si "c'est souvent le démon qui tient la plume" (Maritain).
Quel chapitre le mouvement auquel sont vouées nos énergies a-t-il écrit en 1939 ? Quelle y fut notre part personnelle ? Sommes-nous satisfaits ? Si c'était à recommencer, ferions-nous plus ?... ferions-nous mieux ? La réponse à cette dernière question serait vaine si elle ne devait orienter 1940.
Des actes de contrition, oui. Des actes de ferme propos, encore mieux ; ça donne de la sincérité aux premiers, Mais n'oublions pas non plus les actes de reconnaissance. Rien que des MISERERE, point de TE DEUM, ça ne serait pas complètement chrétien.
On nous pardonnera de ne pas embrasser ici dans notre vision le monde entier, les questions les plus vastes ou les plus hautes. Même avec des principes puisés aux meilleures sources, nous habitons des tourelles modestes ; nos regards se portent surtout sur le domaine économico-politique et nous bornons notre action au Canada français.
Dans ce domaine où tant de contingences s'affrontent, soulignons avec joie les progrès réalisés durant l'année. Le nombre croît de ceux qui observent, pensent et concluent. Si chaque nouvelle activité de notre école suscite des hostilités nouvelles, chaque nouvelle hostilité suscite un redoublement d'activités.
On sait si le développement rapide du mouvement créditiste fit rebondir l'été dernier les accusations de communisme et de socialisme pour perdre le Crédit Social dans l'opinion. Ces attaques nous ont valu une déclaration officielle de théologiens qui fait le désespoir des adversaires. Triomphe sans précédent pour notre cause.
Acte de rconnaissance.
Un banquier, piqué, sent le besoin de nous dire que, s'il n'y a pas de désaccord entre les encycliques et les propositions du Crédit Social, il y a désaccord flagrant entre la philosophie bancaire et la nôtre. Nous le savions. Sa sortie rend hommage aux progrès de notre cause.
Acte de rconnaissance.
Les maladresses de parlementaires plus impérialistes que créditistes, le désarroi amené par la guerre, d'autres facteurs désastreux me. naçaient notre œuvre de l'épreuve est sorti VERS DEMAIN, lumière plus brillante, arme plus formidable, avec laquelle nous abordons 1940, le vent à pleines voiles.
Acte de rconnaissance.
Nous confions à ce journal, le VOTRE, le soin de porter à chacun de vous, lecteurs, nos meilleurs vœux pour la nouvelle année : 365 jours d'efforts et de progrès, les yeux sur l'idéal, dans le cœur la paix du devoir accompli.
LA DIRECTION