Pourquoi faut-il crever de faim à cause d'un manque d'argent
Alors que les magasins et les entrepôts regorgent de produits ?
par Yvette Poirier
Dans le journal Vers Demain de mai 1997, nous avons publié un article d'Alain Pilote au sujet de la ville d'Ithaca de l'État de New-York, qui fait son argent. Six millions de suppléments de Vers Demain et de "Michael" sur le Crédit Financier Provincial, avec la nouvelle d'Ithaca, ont été diffusés récemment à travers les provinces de Québec et de l'Ontario.
L'exemple d'Ithaca n'est pas unique. De plus en plus de gens, à travers le monde, comprennent que l'argent est une simple comptabilité pour permettre les échanges des produits et des services et qu'il est ridicule de crever de faim en face de l'abondance pour un manque d'argent, un manque de chiffres. De nombreuses associations se forment à travers le monde et créent leur propre monnaie pour établir un échange de biens et de services entre les associés. Les idées du Crédit social, lancées par le Major C.H. Douglas, il y a 80 ans, et propagées par Vers Demain depuis 62 ans, pénètrent dans les esprits.
Dans La Presse du 25 juillet 1997, nous lisons un article fort intéressant d'Isabelle Hachey intitulé : "De l'argent de Monopoly pour temps de crise". En voici des extraits :
"Evelyn s'est récemment découvert un don. Elle concocte de délicieux petits pains maison. Jane, quand à elle, peint des portraits, et Pierre n'a rien à envier aux grands couturiers. Entre eux, ils s'échangent leurs services et se paient en écodollars, une monnaie créée de toutes pièces l'an dernier à Ottawa, en réponse à la récession économique et aux effets pervers de la mondialisation des marchés.
"Evelyn, Jane et Pierre sont membres d'un LETS (Local Exchange Trade System), une de ces petites communautés qui poussent comme des champignons un peu partout à travers le monde depuis le début de la décennie et de la crise économique.
"En ces temps difficiles, ils ont décidé de créer des échanges qui n'auraient sans doute pas pu avoir lieu au sein de l'économie traditionnelle. En somme, ils se livrent à une activité vieille comme le monde : le troc, version années 90.
"Jardinage, réparation de vélos, poteries, cours de cuisine ou de musique, coupe de bois ou fabrication de vêtements, à peu près tout y passe. Chaque mois, les membres reçoivent un répertoire où sont inscrits compétences, produits et services de chacun. Ils échangent en monnaie locale, comptabilisée dans une banque de données centrale. À Ottawa, ils sont une centaine et paient un droit d'inscription de $15.
"La principale différence entre les écodollars et l'argent fédéral, c'est qu'il n'y a aucune raison de les accumuler, explique le fondateur du LETS d'Ottawa, Terry Cottam. Ils sont constamment en circulation, favorisant les échanges et le sens de la communauté.
"Le sens de la communauté. Tout est là. Aux quatre coins du globe, il s'agit, pour les milliers d'adeptes de cette économie alternative et parfaitement légale, de se réapproprier un certain pouvoir sur cet argent qui leur file entre les doigts.
"C'est en réaction au comportement des grandes chaînes et des multinationales, qui puisaient l'argent de sa région et le réinvestissaient dans d'autres contrées, que Paul Glover a fondé la monnaie "Hours" à Ithaca, dans l'État de New York. "Notre monnaie, au contraire des dollars fédéraux, reste dans notre région et favorise les échanges de services entre nous", écrit M. Glover. Le système d'échange qu'il a instauré en 1991 dans cette petite ville de 30,000 habitants a pris une ampleur inégalée, regroupant 2000 citoyens et 350 entreprises. Jusqu'aux banquiers d'Ithaca qui acceptent ces billets de Monopoly pour régler certaines transactions !"
"Des LETS plus modestes, il y en a des dizaines au Canada. Et des centaines en Angleterre, en Australie, aux États-Unis et en France où ils ont été rebaptisés SEL, pour Systèmes d'Échange Locaux. Au total, il en existe près de 1500 dans 14 pays... Tous possèdent leurs propres réglements et unités d'échange, baptisée avec un certain lyrisme : Sourires, Bobinés, Piafs ou Grains de sel..."
Isabelle Hachey
Le Crédit Social semble commencer à s'établir par la formation de ces petites communautés à travers le monde créant leur propre monnaie. Douglas a dit :
"Il n'y a qu'une méthode efficace : Circonscrire de plus en plus le problème, le diminuer autant que possible, afin d'en arriver à une application quelque part."
Nous devons accentuer notre apostolat tandis que le vent est dans les voiles. À l'assemblée mensuelle du 27 juillet, à Rougemont, avec quel enthousiasme, notre dévouée directrice, Mme Gilberte Côté-Mercier, nous a parlé d'Ithaca et des autres petites communautés à travers le monde qui créent leur propre monnaie ! "Le Crédit Social s'en vient par de l'argent fabriqué localement comme à Ithaca", nous a-telle dit.
Au Canada, le fédéral décharge ses responsabilités sur le dos des provinces. Les provinces à leur tour coupent le financement aux municipalités. Les contribuables, étranglés par les taxes, commencent à crever de faim. À tous les paliers, les dirigeants manipulés par les financiers, se lavent les mains comme Pilate.
Continuons l'éducation de notre peuple pour libérer nos hommes politiques de la tutelle des banquiers. Si le fédéral ne veut pas créer l'argent pour le pays au lieu de s'endetter envers les banquiers, nous disons aux provinces d'instituer un Crédit Financier Provincial, afin de financer et distribuer la production de leur province respective, sans dettes, sans intérêts, sans taxes. Si le provincial ne fonctionne pas, l'exemple d'Ithaca et des autres petites communautés dans différents pays, démontre la possibilité d'établir une monnaie dans un territoire limité. Poussons sur tous les sens. Renseignons la population par le journal Vers Demain et nos circulaires, les autorités seront forcées d'agir.
Yvette Poirier