Les rafraîchissements qui suivent proviennent de sources recommandables. Nous les servons cordialement à "Fiat Lux", le Dom Quichotte qui, dans la Libre Parole de Drummondville, consacre généreusement ses méninges et sa plume à défendre la vertu des banquiers.
Les deux auteurs cités sont connus : le Dr W. C. Clark, sous-ministre (les Finances à Ottawa, et M. Graham Towers, gouverneur de la Banque du Canada. Les chiffres entre parenthèses, après les citations, réfèrent aux pages du rapport anglais du Comité de la Banque et du Commerce, comité nommé par le Parlement fédéral pour une étude du système bancaire canadien. Le comité siégea du 8 mars au 1er juin 1939.
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Nous employons comme monnaie des pièces frappées, des billets de banque et des dépôts bancaires transférables par chèque. (Clark, p. 1.).
Les dépôts bancaires constituent de beaucoup la plus grande portion de notre monnaie. (Clark, p. 42 ; Towers, p. 286).
C'est le dépôt de la banque qui constitue lui-même la monnaie. (Clark, 43 ; Towers, p. 285.)
Il n'est pas nécessaire qu'il y ait en existence un dollar de monnaie visible pour chaque dollar de dépôt. Bien au contraire. Actuellement, le total des dépôts en banque est de quatre à cinq fois égal au montant total de la monnaie tangible en existence. (p. 286).
Il n'est pas exact de dire que le dépôt en banque est aussi bon que de l'argent, ni que ce soit un simple substitut à l'argent. Le dépôt en banque, c'est de la monnaie — c'est même la plus grande partie de notre monnaie — c'est l'espèce de monnaie qui sert dans les 95 pour cent des transactions commerciales. (p. 286)
Question par McGeer : Mais il n'y a pas de doute que les banques créent elles-mêmes cet intermédiaire d'échange ?
Réponse par Towers : C'est exact. C'est pour cela que les banques existent.
McGeer : Et elles émettent cette forme d'intermédiaire d'échange lorsqu'elles achètent des titres ou font des prêts ?
Towers : C'est là le travail des banques, exactement comme une aciérie fait de l'acier. Le procédé de fabrication consiste à faire une entrée avec une plume et de l'encre, ou au clavigraphe, dans un livre ou sur une carte... C'est tout. (pp. 76, 238)
Chaque fois et à toutes les fois qu'une banque fait un prêt (ou achète des titres), du nouveau crédit bancaire se trouve créé — de nouveaux dépôts, de l'argent flambant neuf. (Towers, p. 112,)
La masse des dépôts surgit de l'action des banques elles-mêmes : parce que, en octroyant des prêts, en permettant de tirer sur découvert, ou en achetant des titres, une banque crée un crédit dans ses livres ce qui est l'équivalent d'un dépôt. (p. 123).
Généralement parlant, toute nouvelle monnaie vient d'une banque sous forme de prêt. Tout l'argent en circulation a été à son origine prêté par une banque. (p. 461, 794).
Sous le système monétaire actuel, toute monnaie est une dette. (Towers, p. 459).
C'est une erreur commune de croire que les banques prêtent l'argent de leurs déposants. Elles ne le font pas du tout. (Towers, p. 398, 455, 590.)
Les banques prêtent de l'argent flambant neuf, qu'elles créent à cet effet. Le procédé de fabrication consiste à faire une entrée dans leurs livres. (Tœrs, 76, 238, 456, 457, 665).
Lorsqu'un prêt bancaire est remboursé à la banque, la monnaie est détruite, elle perd son existence. (Towers, p. 240).
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Si Fiat Lux est plus savant que ces deux messieurs-là, il voudra bien nous dire tout simplement où commence l'argent, quand commence l'argent, comment commence l'argent, quelle volonté ou quel jugement préside à la naissance de l'argent, puis par quelle porte ou par quelle fenêtre l'argent entre en circulation.