Walter Stewart écrit une chronique chaque lundi dans le quotidien « The Toronto Sun ». Voici la traduction de sa chronique publiée le 28 avril 1997, sous le titre « Stuff banks hope we don't know » (Quelque chose que les banques espèrent que nous ne sachions pas).
William F. Hixson ressemble à un prophète de l'Ancien Testament de bonne humeur : Élie, peut-être, une de ces journées où il avait aperçu les corbeaux, et réalisé qu'ils allaient le nourrir.
Hixson est un prophète, si l'on peut dire, lançant sa foudre non contre Jézabel, mais son équivalent moderne, les banques commerciales.
Hixson a écrit un livre, « It's Your Money » (C'est votre argent), qui donne une joyeuse raclée à la tribu des banquiers.
L'auteur est un ingénieur professionnel à la retraite, et homme d'affaires prospère, du Kentucky, qui a écrit deux autres livres, et une quantité d'articles pour des revues économiques, au sujet des banques.
Il n'aime pas beaucoup les banques. Il pense qu'elles sont cupides, voraces, et ne sont soumises à aucun contrôle. Jusque là, rien de nouveau. Mais le thème de ce livre, et la raison pour laquelle il intéresse autant les lecteurs canadiens qu'américains, est qu'il explique, avec certains détails, la manière dont les banques, partout dans le monde, fabriquent l'argent, le prêtent plusieurs fois, et collectent chaque fois de l'intérêt.
Il écrit : « Supposons qu'une personne possède une ferme et essaie de la louer à cinq, dix, vingt, ou trente locataires différents en même temps, pour ensuite percevoir un loyer de chacun d'eux en même temps. Elle n'y parviendrait jamais, la fraude est trop évidente.
« Mais supposons qu'une personne possède une automobile et la prête à cinq, dix, vingt ou quarante individus en même temps, et qu'elle perçoive un intérêt de chacun d'eux en même temps, si cette personne est un banquier, elle peut réussir cela facilement, quoique lorsqu'on y pense, la fraude est à peine moins évidente. »
C'est un bon exemple des écrits de Hixson : la clarté même.
Son livre est important, parce que les banques ont décidé de changer leur version de l'histoire. Nos banques, qui n'avaient jamais auparavant nié qu'elles créaient de l'argent sur place, ont soudainement décidé que ce n'est pas du tout ce qu'elles font.
Selon elles, elles prêtent l'argent de leurs déposants à d'autres emprunteurs, et c'est tout. Elles ne sont, selon elles, que des « intermédiaires financiers ». La raison de cette nouvelle version des faits, qui a été adoptée par le gouverneur de la Banque du Canada, Gordon Thiessen, est que nos banques (canadiennes) ont réussi à se débarrasser de la loi qui exigeait qu'elles aient en réserve un minimum d'argent de papier-monnaie, et ce taux minimum fixait une limite au montant d'argent qu'elles pouvaient créer.
Au Canada, comme William Krehm l'a fait remarquer dans sa préface du livre de Hixson, les banques ont réussi à se débarrasser complètement des réserves primaires, sans que personne ne dise quoi que ce soit, en 1991.
Cela signifie, qu'au lieu de pouvoir créer huit ou dix dollars pour chaque dollar de richesses réelles qu'elles possèdent, les banques peuvent maintenant créer 40 fois plus d'argent que leurs réserves aux États-Unis, et 100 fois plus au Canada.
Cela semblait plutôt risqué d'être connu, alors les banques ont propagé l'histoire qu'elles ne créent pas cet argent, qu'elles ne font que l'emprunter de leurs déposants.
Hixson, en remontant ses pantalons et en faisant claquer ses bretelles, répond : « Ah oui ? », et il démolit leur argument.
L'essentiel de sa thèse est que si l'argent prêté par les banques était de l'argent qu'elles auraient emprunté, alors il y aurait à peu près parité entre l'augmentation des dépôts bancaires, et des prêts bancaires, sur une période de temps donnée. Au lieu de cela, les prêts bancaires ont augmenté, et ils continuent d'augmenter environ dix fois plus que les dépôts.
En d'autres mots, « ce que les banques prêtent est, la plupart du temps, de l'argent qu'elles créent. »
Avec l'obligation d'avoir de grandes réserves (au Canada, il n'y a pas si longtemps, les banques devaient avoir en réserve $18 pour chaque $100 prêté), il y avait une limite stricte au processus de création d'argent, mais, comme ces réserves ont été éliminées, les banques ont pris de l'expansion, elles ont fait plus de profits et, affirme Hixson, elles sont plus sujettes à l'abus et même aux désastres financiers.
Ce qui est le plus ironique dans tout cela est que les banques, tant au Canada qu'aux États-Unis, créent l'argent et le prêtent ensuite au gouvernement, à des taux d'intérêt élevés.
Hixson soutient que les gouvernements devraient créer une plus grande partie de l'argent, et ils devraient bénéficier des profits de cette création d'argent.
Le livre « It's Your Money » est disponible pour $10, plus $2.50 de frais postaux et manutention, de COMER Publications,
3284 Yonge Street, Toronto, M4N 3M7.
Walter Stewart