Le 23 avril 1989, les Français et les Québécois ont eu la joie de voir monter sur les autels, Marie-Catherine de Saint-Augustin (Catherine de Longpré), 1632-1668, Moniale hospitalière de l’Hôtel-Dieu de Québec, surnommée «cofondatrice de l’Eglise canadienne». Une fleur de France épanouie au Canada. Elle a été proclamée “Bienheureuse” à Rome par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II.
Catherine de Longpré voit le jour le 3 mai 1632 à St-Sauveur le Vicomte, en Normandie, en France. Catherine est baptisée dans son église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste, futur patron des Canadiens français.
Les parents de Catherine ont plusieurs enfants, c’est pourquoi la grand-mère maternelle prend l’enfant chez elle et se charge de son éducation. Chez les grands-parents, on reçoit les pauvres, les déshérités, les malades. Catherine est élevée au milieu de cette école de charité. A peine âgée de trois ans et demi, l’enfant brûle déjà d’un ardent désir d’accomplir la volonté de Dieu en tout. Elle ne fait rien sans en demander la permission à une image de la Sainte Vierge et elle révèle, dans son journal, que la Bonne Mère lui répond et qu’elle joue avec l’Enfant-Jésus.
A l’âge de 10 ans, elle signe de son sang son acte de donation totale à la très Sainte Vierge, acte rédigé par elle-même. En 1643, saint Jean Eudes vient prêcher une mission à Saint-Sauveur et prédit à Catherine qu’elle serait religieuse.
Le 7 octobre 1644, notre jeune héroïne, âgée de 12 ans, et sa sœur, frappent à la porte de l’Hôtel-Dieu de Bayeux dans l’intention de se consacrer totalement à Dieu et à Ses œuvres dans l’Institut des Sœurs Hospitalières de Saint-Augustin. Le 24 octobre 1646, elle prend l’habit religieux en même temps que sa grand-mère qui, devenue veuve, l’a rejointe au monastère. Elle prend le nom de Marie-Catherine de Saint-Augustin.
C’est le temps des grandes épopées canadiennes. Sœur Marie-Catherine en entend parler et elle nourrit le désir de rejoindre ses devancières en ce pays sauvage. Le 12 avril 1648, elle signe son engagement pour le Canada.
Le navire «Le Cardinal» qui porte notre héroïne fait voile le 31 mai 1648. La traversée est pénible et longue, elle dure 3 mois. La maladie en fait périr plusieurs. Sœur Marie-Catherine est atteinte de la peste elle-même, maladie incurable. Elle va mourir, elle voit un affreux dragon se lancer sur elle. Cependant Dieu la veut au Canada, Il veille sur elle, la très Sainte Vierge la guérit et le dragon s’enfuit.
«Le Cardinal» jette l’ancre à Québec, le 19 août 1648. Toutes ces tribus, à l’exception des Iroquois, sont les amies des Français.
Les Ursulines sont onze et instruisent les filles françaises et amérindiennes. Et les Hospitalières, au nombre de cinq à l’arrivée de Sœur Marie-Catherine, soignent les malades. Elles ont à endurer la rigueur des hivers canadiens, la nourriture grossière, le manque de vivres, la crainte continuelle de l’Iroquois, l’isolement de toute civilisation séparée par l’océan.
Arrivée à Québec, Sœur Marie-Catherine se met courageusement à l’œuvre, partage les durs travaux de ses devancières et apprend les langues indiennes. Elle manifeste vite de bonnes qualités d’infirmière et fait montre d’un sens pratique remarquable. Elle est aimée de tous. Elle exerce au sein de la Communauté les fonctions d’économe, de maîtresse des novices et de directrice générale de l’hôpital entièrement dévouée à la cause des malades et des plus démunis. La Supérieure, Mère Saint-Bonaventure se réjouit de posséder en Sœur Marie-Catherine un sujet d’une si haute perfection.
Le 16 mars 1649, le Père Jean de Brébeuf est martyrisé par les Iroquois. Il a 56 ans. Il ne désirait que de verser son sang pour Jésus-Christ. Sœur Marie-Catherine est guidée dans son ascension vers la sainteté par le Père Paul Raguenau, Supérieur de l’Hôtel-Dieu et l’un des plus grands apôtres de la Nouvelle-France; et aussi par le Père Jean de Brébeuf qui lui apparaît très fréquemment.
Par sa bonne grâce et sa charité, notre jeune hospitalière gagne vite l’amitié des Amérindiens. Elle leur enseigne le catéchisme. Elle-même affronte la mort avec courage. En 1651, elle écrit ces admirables lignes au grand vicaire de Bayeux: «Nous sommes entre la vie et la mort. Il n’y a personne qui soit assuré d’être garanti de la fureur de ces barbares. Tout cela, je vous assure, ne me fait pas peur. Je sens mon cœur disposé à faire et à souffrir tout ce qu’il plaira à mon Bon Maître de m’envoyer...»
En 1652, Sœur Marie-Catherine est assaillie par deux tentations: l’une d’impureté et l’autre de retourner en France. Elle combat vaillamment la première, par la prière, le jeûne, les disciplines, se couchant sur la dure, etc. A la tentation de quitter le Canada, elle répond par un vœu de perpétuelle stabilité dans sa patrie d’adoption.
Sœur Marie-Catherine est gratifiée de quantité d’extases et de visions, visions de la Vierge dans son Assomption, vision merveilleuse de la Cité mariale dans le Paradis, visions fréquentes de Notre-Seigneur, visions de saint Michel, de saint Joseph, de plusieurs autres saints du Paradis dont le Père de Brébeuf que Dieu Lui-même lui donne comme directeur spirituel; visions d’âmes du purgatoire sauvées par elle; visions des consciences; visions de personnes décédées en France dont elle annonce la mort au Canada, avant que la nouvelle en arrive par les bateaux.
Monseigneur de Laval, nommé le 24 juin (fête de saint Jean-Baptiste)1658, vicaire apostolique au Canada, sacré évêque le 8 décembre (fête de l’Immaculée Conception), arrive à Québec le 9 juin 1659.
Le 24 août (la Saint-Barthélemy) de la même année, il administre le sacrement de Confirmation à Sœur Marie-Catherine et à 100 Amérindiens. A cette occasion, Sœur Marie-Catherine voit se dérouler dans le Ciel, d’une manière mystique, le sacrement de Confirmation.
Mgr de Laval connaît déjà le trésor de sainteté que possède l’Hôtel-Dieu dans la personne de Sœur Marie-Catherine, il la consulte très souvent et recommande à ses prières les affaires les plus importantes du diocèse.
En 1660, on confie une possédée du démon aux bons soins de Sœur Marie-Catherine. Les démons enragés contre la sainte religieuse lui apparaissent et la battent atrocement, Ils lui donnent une aversion effroyable de la communion. Et quand elle prie pour les pécheurs, Dieu permet qu’elle soit comme une prison où les démons sont contraints de demeurer, ainsi, ils ne peuvent faire de mal à d’autres.
Le commerce de l’eau-de-vie éclate comme un fléau sur la Nouvelle-France. Mgr de Laval décide de repasser en France pour recourir à l’autorité du Roi.
Sœur Marie-Catherine voit Notre-Seigneur extrêmement irrité. Elle le prie de convertir les coupables et s’accable de pénitences.
Le 5 février 1663, débute le prodigieux tremblement de terre par tout le Canada qui dure 7 longs mois. Dieu favorise Sœur Marie-Catherine de la vision du tremblement de terre au Canada avant qu’il ait lieu, afin de l’engager à prier et à s’offrir en holocauste pour les péchés du peuple. Pendant le séisme, elle s’offre en holocauste, enfin Dieu se laisse toucher et permet que tout le peuple se convertisse et, malgré les secousses violentes, (6.9) il n’y a aucune perte de vie.
Sœur Marie-Catherine voit Notre-Seigneur fraîchement flagellé, tout couvert de sang. La haine que les démons lui inspirent contre Dieu se change en un amour si fort et si tendre qu’elle en est entièrement transformée et elle conçoit une horreur très forte du péché.
Elle offre aussi ses souffrances pour les âmes du purgatoire. Elle en délivre plusieurs.
Sœur Marie-Catherine obtient par ses prières et ses souffrances la conversion du gouverneur de la Nouvelle-France, M. de Mésy qui laissait libre cours au commerce de l’eau-de-vie. Puisse-t-elle obtenir aussi la conversion de nos ministres et députés actuels.
Modèle de l’hospitalière au chevet des malades, si elle leur prodigue tous les soins du corps, elle est mille fois plus préoccupée du salut de leur âme. Elle demande à Dieu et obtient la faveur que personne, de son hôpital, ne meure sans être en état de grâce.
Le 20 avril 1668, elle est prise d’un crachement de sang. Elle s’éteint le 8 mai 1668, fête de saint Michel Archange. La belle âme de Sœur Marie-Catherine s’envole au Ciel, à l’Hôtel-Dieu de Québec à l’âge de 36 ans. Le corps de la sainte hospitalière est exposé dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. “Son visage, dit la «Relation des Jésuites», resta comme celui d’une personne qui serait en contemplation.” Toute la ville de Québec qui visite le corps de la sainte est témoin de cette merveille.
Pour avoir offert sa vie pour l’Église et le salut de la Nouvelle-France, Marie-Catherine de Saint-Augustin est considérée cofondatrice de l’Église du Canada. Le Saint-Père Jean Paul II l’a proclamée «Bienheureuse» le 23 avril 1989.
Oui, notre patrie a été fondée par le sang des martyrs, l’holocauste des saints, la sueur de nos colons. Ceux qui en ont pris possession l’ont fait au nom du Christ.
Comme le proclamait le Cardinal Pie pour la France, on peut le répéter pour notre Nouvelle-France:
«Jésus-Christ est la pierre angulaire de notre pays, le sommaire de notre histoire, Jésus-Christ, c’est tout notre avenir...»
Source: Documents du Centre Catherine de St-Augustin, 32 Charlevoix, Québec, QC, G1R 3R9 - Tél. 1 418 692 2492